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Que de temps perdu à gagner du temps !
L’Évangile de la messe d’aujourd’hui nous fait lire une des dernières paraboles que le Christ a proposée à ses auditeurs, peu de temps avant sa Passion. Comme à son habitude, il s’est servi des mœurs de l’époque, de toute sorte, familiales, professionnelles, sociales, etc., pour illustrer les aspects les plus élevés de ses enseignements. Nous n’ignorons en effet pas à quel point il était un excellent pédagogue.
Sans vouloir analyser à fond le genre parabolique, et plus concrètement les paraboles qu’il nous a proposées, nous pourrions les classer en deux groupes, selon un ordre chronologique
a) D’abord, des récits que nous pourrions qualifier de « légers », par exemple les paraboles du Royaume que nous lisons au chapitre 13 du premier Évangile : le semeur, le bon grain et l’ivraie, le trésor et la perle fine, le filet, le grain de sénevé, etc. Il en est de même de certaines images dont il s’est servi sur la Montagne pour présenter l’essentiel de son Royaume : sel de la terre, lampe allumée placée sur le lampadaire, ville sise au sommet d’un mont, etc. Des situations et des images qui faisaient partie du quotidien de ses auditeurs, et de nous lecteurs quelques siècles plus tard,
b) Ensuite, vers la fin de sa vie publique, des paraboles que j’oserai qualifier de plus « dures », compte tenu de leur dramatisme et de leur dénuement assez impressionnant : les vignerons homicides, les invités au festin, la parabole des talents (surtout pour le troisième personnage) ou encore celle que nous trouvons aujourd’hui, les dix vierges dont cinq n’auront pas accès à la salle de noces. Dans tous les cas, certains personnages sont exclus du Royaume, ce en quoi réside justement leur côté dramatique.
C’est une belle manière de nous faire mieux comprendre, parmi d’autres, les conséquences fâcheuses de nos fautes et péchés. Il faut dire que pour un enfant de Dieu les expressions “péché grave”, “véniel”, “tiédeur”, “imperfection”, “non-respect de ses propres résolutions”, etc. sont des synonymes. Car, dans tous les cas, il y a un mal pour nous, pour l’Église et pour les âmes, sans oublier le mal que nous nous faisons à nous-mêmes. C’est un des aspects de notre lutte chrétienne, sachant que la meilleure protection est la pratique des vertus. Essayons d’être vertueux, charitables, purs, obéissants. Nous donnerons ainsi moins de prise aux tentations.
Pour en revenir à la parabole, lesquelles parmi ses conséquences pourraient nous aider à rejeter les tentations plus fermement ? Car ces conséquences négatives qui ont affecté les vierges insouciantes arrivent non seulement à la fin de la vie, mais après chaque faute. Que nous dit notre Seigneur dans et par cette histoire ?
· La porte fut fermée ; elle nous empêche de voir l’Époux, d’être avec lui. Nos péchés et nos infidélités nous éloignent de lui, car ils font écran entre lui et nous. C’est certainement la conséquence la plus dure, pénible, parce que sans l’amour, que devenons nous ? Que pourrait-il nous arriver de plus ennuyeux et de plus désagréable ? De plus, même si nos fautes ne sont pas bien graves, la plus petite laisse une trace dans notre âme
· Exclusion du festin, alors que les autres vierges sont entièrement à la fête. C’est la tristesse, tout à fait différente de la contrition et du repentir. La tristesse est une des passions de l’âme : sa réaction au mal présent, et ici, nous avons affaire au mal le plus grave : être éloignés de Jésus. Nos péchés, nos fautes, les écarts que nous nous autorisons par rapport à nos résolutions habituelles ne nous apportent jamais la joie escomptée.
· L’obscurité de la nuit, la lampe qui s’éteint faute d’huile. On ne voit plus alors qu’on croit voir, mais on voit mal, on risque de comprendre les choses de travers, de suivre une autre logique, qui n’est plus la logique de Dieu. Soyons donc sensibles à ce genre de signe qui, d’ordinaire, ne trompe pas. Même s’ils semblent sans importance. Pensons par exemple à Judas et à ses manquements à la pauvreté, d’après le témoignage de saint Jean. Qui l’ont conduit au péché… à l’impénitence et, finalement, au désespoir.
· Le Christ dit : Je ne vous connais pas ; il aurait pu dire (comme certaines traductions le disent) « je ne vous reconnais pas ». Dieu est présent partout sauf dans le péché, dans l’infidélité, aussi petite soit-elle. Il pourrait donc nous dire : « Je reconnais comme venant de moi la maladie, les revers, les contrariétés, les échecs, c’est-à-dire tout ce qui semble compromettre votre quête du bonheur. Ce sont en réalité autant de moyens qui nous permettent d’aller à sa suite, de porter notre Croix. Mais il n’est absolument pas dans nos infidélités et sans lui, tout n’est que vide. Il y a donc une porte à franchir : celle de l’esprit chrétien, des enseignements de l’Église. Qui est la porte de l’amour, de la joie, de la fécondité humaine et spirituelle.
Cela étant rappelé, à quelque chose malheur est bon : car nous pouvons partir de cette tristesse, d’un remords ou d’un certain désarroi pour réagir. Comme nous partons d’un mal de tête, quelques frissons, un nez qui coule… pour trouver la solution médicale opportune. C’est sans doute pourquoi le Seigneur nous fait éprouver ce malaise : pour nous « inciter » à avoir la bonne réaction.
Moralité, sentons-nous directement concernés par cette histoire et, si par malheur, nous négligeons les normes de prudence élémentaires (l’huile qui alimente la lampe), essayons d’avoir la bonne réaction : la contrition, des résolutions concrètes et une nouvelle lutte, en nous appuyant davantage sur la grâce de Dieu qui passe habituellement par notre dévotion mariale.