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C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour.
Qui nous fera voir le bonheur ?
On connaît plus volontiers les Béatitudes dans leur version de saint Matthieu. Elles inaugurent le discours de Jésus sur la Montagne, et résument tous les commandements pour parvenir au Royaume. Reprises autrement de façon plus courte en 4 sentences et leurs antithèses, elles sont données dans la Plaine pour rejoindre les pauvres, plus disponibles que les scribes.
Paradoxe du bonheur
Les quatre annonces du bonheur selon l’Évangile de Luc se centrent sur des malheurs humains : la pauvreté, la faim, la désolation et le rejet ! Parce que les pauvres sont ceux qui possèdent le Royaume – quelle richesse ! – comme dans la première Béatitude de Matthieu. Les affamés seront rassasiés, comme dans la troisième de Matthieu. Ceux qui pleurent maintenant, avec ceux de la quatrième, riront après. Ceux qui subissent l’opprobre, vivent la même chose que Jésus. Et pour ces quatre catégories d’éprouvés, ils accèdent au rang de prophètes. Les épreuves sont le lit d’une évolution, d’un enrichissement si on les vit bien accrochées au Seigneur. Sinon en elles-mêmes, elles ne peuvent que désespérer ceux qui les vivent. Tout l’Évangile est dans ce paradoxe de ceux qui diminuent pour être élevés. Jésus lui-même a vécu ces quatre Béatitudes de façon parfaite. Il s’agit d’une prophétie qui paradoxalement étonne pour provoquer à chercher les vraies raisons du bonheur. Aimer se prouve dans ce qui éprouve et l’or n’est purifié que passé au feu. Les roses ont des épines et sont les plus belles fleurs.
Les contradictions des riches
À l’inverse et en contrejour, Luc fait le tour de ce que vivent les riches, les repus, les « rieurs », les comblés d’honneur. Parce que leur richesse est passagère, leur nourriture est provisoire, leur rire est « faux » et leur honneur ne vient pas de Dieu mais des hommes. En effet leur richesse semble les consoler de leur misère profonde, de leur besoin d’être aimé qui ne s’assouvit que dans le don et non dans l’accumulation des biens. Le repu est un riche qui fait l’expérience d’être plein de ce qui n’est qu’éphémère et passager et qui reste sur sa faim des choses plus essentielles. Le « rieur » dans l’Écriture n’est pas celui qui est plaisant, mais désigne le « railleur », le moqueur qui se moque de tout et de tous, et peut-être aussi de lui-même au point d’être le plus malheureux des hommes, dans le deuil du grand amour qu’il n’a pas su accueillir ! Quant aux compliments et honneurs que l’on reçoit, ils sont rarement sincères ou mérités. Il vaut mieux se situer sous le regard de Dieu qui connaît l’intime et non l’apparence. Il manque à cette antithèse la conclusion de la joie, comme récompense du ciel, joie non pas humaine, mais orientée vers un devenir saint. Les païens ont toujours été étonnés de la joie chrétienne, de la joie de Blandine qui chantait les louanges du Seigneur sous la dent des bêtes sauvages, de la joie de Mère Teresa pourtant portée par une nuit de l’âme profonde et les difficultés sans nombre de son apostolat.