Résultat de la recherche
Quand on ose, on se trompe souvent. Quand on n'ose pas, on se trompe toujours !
L’Église nous invite aujourd’hui à regarder vers le Ciel. Le jour de l’Ascension, les anges ont dit aux apôtres : Ne regardez plus vers le Ciel [Ac 1, 11]. Comme s’ils disaient, à nous aussi quelques siècles plus tard : désormais cherchez aussi le Christ dans votre vie courante. Le jour de gloire arrivera plus tard, pour le monde, pour chacun d’entre vous. Or, aujourd’hui notre regard est attiré vers la gloire du Ciel : L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais ». Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » [Ap 7,13-17 ; suite de la 1ère lecture de la messe d’aujourd’hui].
Des robes blanches, c’est-à-dire l’âme confirmée dans l’état de grâce, transformée, glorifiée. Ils viennent de subir la grande épreuve, sans doute la persécution de Néron. Ils ont tenu bon jusqu’au bout. Nous sommes donc invités à penser au Ciel, à la béatitude, à notre bonheur éternel : tout bien considéré, à la sainteté. La seule chose qui soit vraiment importante, “l’affaire” de notre vie. Une des choses sur laquelle l’Église notre Mère insiste le plus, surtout depuis Vatican II. « Sur terre, l’Église est parée d’une sainteté véritable, bien qu’imparfaite (LG 48). En ses membres, la sainteté parfaite est encore à acquérir : “Pourvue de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père” (LG 11) » (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 825)
Le temps passe pour tous et cette vérité devient de plus en plus évidente surtout pour ceux qui ont la foi et la mettent en pratique. Nous la voyons incarnée chez tant de chrétiens déjà partis pour le Ciel. Et, plus encore, dans notre propre cœur : l’attrait de Dieu, de choses qui demeurent. Notre âme devient de plus en plus exigeante, elle ne veut plus de la camelote : objectifs divers et variés, mais finalement sans lendemain, creux sous bien des rapports ; projets, science, pouvoir, art, argent, moyens matériels, santé. À quoi bon tout cela sans Dieu ? La certitude qu’ici-bas tout passe très vite, que cela n’en vaut pas la peine. Le Catéchisme cite un texte très connu de saint Thérèse d’Avila : Que rien ne te trouble / Que rien ne t’effraie. Tout passe / Dieu ne change pas. La patience obtient tout / Celui qui a Dieu ne manque de rien / Dieu seul suffit. (Poes. 9). Des propos que sa propre vie confirme de manière éloquente. Beaucoup de traquenards, d’intrigues, de jalousies ; sans compter ses maladies, fatigues et difficultés. “Dieu seul suffit”. Comme nous comprenons la profondeur et la pertinence de cette phrase !
Pensons aussi à quelque chose d’absolument spécifique pour le chrétien courant : sa sainteté au milieu du monde, dans sa vie ordinaire. C’est certainement l’idée que la Solennité d’aujourd’hui entend mettre le plus en relief : rechercher la sainteté car c’est pour cela que Dieu nous a créés, rachetés et accordé tant de grâces, surtout celle du baptême, mais chacun « selon sa condition et son état de vie ». La Solennité d’aujourd’hui souligne tout cela, mais elle cherche aussi à nous rappeler, notre mission en tant que baptisés, donc que disciples du Christ. Nous sommes chargés de diviniser la terre, un milieu déterminé, le nôtre, une activité, certaines personnes de notre entourage. C’est cela la sainteté pour nous. Dieu nous accorde toutes les grâces nécessaires. Dieu nous envoie auprès de ses milliards d’hommes et de femmes qui ne le connaissent pas encore ou qui l’ignorent, il nous y encourage. Ayons, aujourd’hui surtout, une vision de foi : pour un nouveau départ dans notre vie chrétienne. Demandons au Seigneur de mettre dans notre âme un désir plus vif de nous sanctifier et d’être des apôtres. Ce sera comme le moteur de notre lutte, une sorte d’élan irrésistible. Nous en avons besoin pour “tenir bon jusqu’au bout”, pour persévérer.
Puisque, en fin du compte, la sainteté et l’apostolat sont un projet de vie, force nous est aussi de tenir compte des obstacles que nous rencontrons inéluctablement sur notre route, pratiquement tous les jours, notamment le péché, toute infidélité à notre foi et à nos engagements, et la tiédeur dans la pratique de notre foi. Des tentations contre notre fidélité chrétienne ou les fondements même de la vie morale. C’est le seul vrai mal : pas les échecs, la maladie, nos défauts, les contrariétés. Le livre des Actes nous rappelle qu’il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu (Ac 14, 22). Nous savons bien que la sainteté se conquiert de haute lutte. Que le grand danger pour nous, c’est plutôt la médiocrité, toute forme de tiédeur. Et que, a contrario, la fidélité nous apporte toujours la paix, même si notre cœur peut se sentir quelque peu « frustré ».
Conclusions ? Repartir, lutter plus, être responsables de notre sanctification. Bien entendu, l’Église fait tout pour nous aider à rechercher la sainteté, mais celle-ci n’en est pas moins personnelle. Nul ne peut vouloir à ma place, lutter à ma place, aimer Dieu et mon prochain à ma place. Or, la sainteté consiste surtout à aimer, à beaucoup aimer. Ainsi notre lutte sera plus constante, généreuse, voire acharnée s’il le faut. Dans le langage révélé du Nouveau Testament, il est question d’une grande épreuve, ou de bien des épreuves (sans doute pour que nous ne soyons pas abusés). Et puis, tenons aussi compte que la foule des bienheureux porte l’habit de noces, la robe blanche : blanchie dans le sang de l’Agneau. Robe blanche ? La charité, les œuvres, la fidélité quotidienne, une bonne indication pour nous, dans notre recherche de la sainteté, notre lutte. Et pensons aussi aux défunts, dès demain, prions pour eux. Et à notre Mère du Ciel que nous invoquons dans les litanies comme Reine de tous les saints.