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L’aventure c’est le trésor que l’on découvre chaque matin
La mémoire liturgique de la « Présentation de Marie au Temple » peut surprendre, parce qu’il ne s’agit pas d’un épisode biblique, mais d’une tradition rapportée par le « Protévangile de Jacques ». Or, si l’Église n’a pas recueilli dans le canon des Écritures divinement inspirées ce type d’Apocryphes, elle n’entendait pas rejeter toutes les traditions qu’elles proposent, en particulier celles qui relatent l’enfance de la Vierge Marie.
Une pieuse tradition nous rapporte que Marie, née aux portes du Temple – l’actuelle église « Sainte Anne des Croisés » – aurait été présentée au Temple pour ses trois ans et aurait vécu dans son enceinte en méditant la Parole de Dieu. Cette tradition n’est pas contraire au profil de Marie dans le Nouveau Testament, dont le « Magnificat » révèle une âme contemplative et méditative, toute nourrie des Écritures.
On n’est pas tenu d’y croire ; mais serait-il raisonnable de la balayer d’un revers de main ? Le fait est que les évangiles nous disent beaucoup plus sur Marie, malgré leur sobriété et discrétion, ne serait-ce que dans l’évangile de ce jour qu’il a bien fallu choisir en dehors de la thématique.
Imaginons la scène évangélique qui, elle, est inspirée : Jésus va-t-il abandonner les disciples qui lui font cercle pour rejoindre sa famille de sang qui est de passage ? Sans doute aurions nous fait ainsi, d’une manière humaine bien compréhensible et légitime. Mais Jésus – c’est même la raison de son célibat – a fondé une nouvelle famille, qui est spirituelle, et il a tissé avec chacun de ses membres – avec moi aussi, donc – un lien si fort qu’il est plus intime que les liens du sang, de paternité/maternité et de filiation, et même que le lien matrimonial.
Jésus ne rejette pas sa famille humaine, au contraire il l’invite à rentrer dans le cercle plus vital de celles et ceux qui écoutent la Parole de Dieu et cherchent humblement à la mettre en pratique. C’est exactement ce qu’a fait et fera toujours Marie, dont saint Augustin a pu dire qu’elle avait conçu la Parole dans son cœur avant de la concevoir en son sein. Beaucoup pensent aujourd’hui que Marie est le seul membre de la famille de Jésus qui soit entré dans sa famille spirituelle ; et que tous les autres pensaient qu’il avait « perdu la tête » (cf. Mc 3, 20-21).
Mais si la tradition rapportée par la « Légende dorée » de Jacques de Voragine au XIIIème siècle est vraie, qui fait de Marie-Salomé et Marie-Jacobé les propres demi-sœurs de Marie, et donc de leurs enfants, apôtres du Christ, ses propres cousins, alors la perspective change : loin de se prévaloir du lien du sang, comme on est encore tenté de le faire aujourd’hui, Marie mais aussi d’autres membres de la famille charnelle deviennent les premiers authentiques disciples du message évangélique.
Puissiez-vous, Vierge de la Présentation, m’apprendre à entrer dans l’intimité de la Parole de Dieu, dans une relation féconde avec votre Fils, comme vous-même l’avez été. Amen.