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Seule la sobriété peut nous procurer une vraie satisfaction. Le temps de la puissance de la modération est venu.
La scène que nous rapporte cet évangile se passe dans la salle du trésor qui s’ouvrait sur l’un des parvis du Temple : là étaient disposés des troncs destinés à recevoir les offrandes des fidèles.
« L’heure » de Jésus, c’est à dire les jours de sa Passion, approche. Aussi veut-il nous donner comme une leçon de choses pour nous apprendre ce qui vaut, pour gagner le ciel.
Assis à quelque distance, entouré de ses disciples, il observe la foule des uns et des autres apportant leurs dons.
C’est alors que survient une femme, aisément reconnaissable à sa tenue, typique de veuve, sans doute rapiécée, qui manifestait la précarité de sa condition.
Jésus entend résonner dans son cœur, non dans ses oreilles, le tintement de ces deux piécettes qu’elle dépose dans le tronc : deux menues monnaies que le comptable du sanctuaire ne se donnera pas la peine d’enregistrer dans son livre ; deux piécettes comparables à ces monnaies jaunes que les paroisses sont fatiguées de relever dans la quête des messes.
Ces deux lepta, qui n’ont pratiquement fait aucun bruit, expriment l’amour sans paroles de cette femme généreuse qui a offert à Dieu ses derniers sous, à l’exemple de la veuve de Sarepta qui donna au prophète Élie ses dernières provisions (cf. 1 R 17) : sa confiance en Dieu lui fait prendre le risque d’un dépouillement total.
Ces quelques centimes ne pèsent pas lourd dans le Trésor. Néanmoins, ils emportent le cœur du Seigneur qui ne considère pas tant la quantité offerte que l’affection avec laquelle elle est offerte. Jésus est touché, au point, comme le note Marc dans un passage parallèle (12, 43-44), d’appeler ses disciples pour leur partager la joie qu’il ressent quand on sait donner son cœur à l’occasion de ce que l’on donne. L’exemple de cette femme démunie rejoint la prière de la petite Thérèse : « Au soir de ma vie, je paraîtrai devant vous les mains vides car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres – des taches à vos yeux » –, mais avec un cœur plein d’amour !
La logique de Dieu est bien différente de la nôtre : nous, nous nous laissons impressionner par ce qui est ostentatoire ; Dieu, lui, est impressionné par l’amour que nous mettons dans les petits riens de chaque jour. Car il n’a nul besoin de nos avoirs. Et, devant lui, rien n’est à proprement parler grand, rien non plus n’est petit : tout est à proportion du cœur qui donne, du cœur qui aime. Les offrandes tapageuses des riches lui sont moins agréables que l’humble aumône d’une veuve indigente.