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La nature est éternelle, jeune, belle et généreuse.
Elle verse la poésie et la beauté à tous les êtres, toutes les plantes, qu'on laisse s'y développer."
La lecture d'Isaïe éclaire toute la liturgie de la parole, puisque les évangiles des féries de l'Avent ont été choisis en fonction des passages prophétiques de chaque jour, qui décrivent tous le retour glorieux du Messie et son règne bienheureux.
Déjà lundi dernier le grand prophète de l'Avent nous instruisait sur la montagne du Seigneur, comme le lieu où Dieu enseigne et juge. Aujourd'hui la montagne nous est présentée comme un lieu de fête. Le Seigneur change la toge pour la toque de chef et nous y prépare un banquet succulent, où la viande et le vin sont à l'honneur (les annonces de la messe d'hier sur le règne messianique où même le lion mangera de l'herbe ne nous imposent pas d'être végétariens, loin de là).
La royaume que nous espérons est vraiment un lieu de réjouissances, où les plaisirs d'ici-bas ont aussi leur place. Ou plutôt des plaisirs encore plus grands, que nous ne pouvons pas imaginer, et qui ne sauraient être décrits que par nos expériences. Le pain, aliment de base ici-bas, y sera présent en sorte de nous rendre le ciel familier. « Le vin par contre représente la fête. Il fait sentir aux humains la magnificence de la Création. C'est pourquoi il fait partie des rituels du sabbat, de la pâque et des noces. Et il nous fait pressentir quelque chose de la fête définitive de Dieu avec l'humanité, qui est l'objet des attentes d'Israël. » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth).
Jésus-Christ, en continuité avec les prophètes, a tenu à faire des miracles qui pourraient sembler ostentatoires à celui qui ignorerait ce contexte. Les gens étaient habitués au jeûne à l'époque, ils n'en seraient pas morts si Jésus s'était limité à son rôle d'enseignant. D'ailleurs, l'espérance de Lui parler, d'exposer leur problème pour en être guéris, les a empêchés de ressentir la faim. Comme nous, qui en cette période de l'Avent jeûnons volontiers et nous imposons de petites privations, pour mieux savourer plus tard les réjouissances de Noël.
Jésus aurait pu faire autrement, mais il a voulu être splendide pour annoncer le royaume des cieux. Et dans la multiplication des pains et des poissons, il a fait preuve d'une grande largesse. Malgré la foule, il y a eu beaucoup de restes. Dans sa retraite au Vatican en 1983, le futur Benoît XVI trouvait que :
« L’intention du récit de la multiplication des pains consiste à appeler l’attention sur l’idée et sur la réalité de la surabondance, c’est-à-dire sur ce qui dépasse le nécessaire. Ici, vient aussitôt à l’esprit le rappel d’un miracle semblable, rapporté par la tradition johannique : celui de la transformation de l’eau en vin, lors des noces de Cana (Jn 2,1-11). Le terme d’abondance n’y apparaît pas, mais la substance même y émerge de façon d’autant plus réaliste : selon les données de l’Évangile, le vin miraculeux atteint un volume de 480 à 700 litres, ce qui est vraiment exorbitant pour une fête privée. Dans l’esprit des évangélistes, les deux épisodes renvoient également à la réalité centrale du culte chrétien : l’Eucharistie. Ils la présentent comme l’exemple type de la surabondance divine, cette surabondance qui est l’expression, le langage de l’amour. Dieu ne donne pas quelque chose. Dieu se donne lui-même. Dieu est abondance parce qu’il est amour : en Jésus-Christ, Dieu est “pour nous”, et il démontre ainsi sa véritable divinité. L’abondance – la Croix – est le signe authentique du Fils. » (Joseph Ratzinger, Le Ressuscité. Retraite au Vatican)
Par le don du pain et du vin quotidiens, et surtout dans les espèces du pain et du vin à la Messe, Jésus nous invite au banquet messianique. En ce temps de grâce, participons le plus souvent possible au festin des noces de l'Agneau.