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On ne peut pas faire de grandes choses : rien que des petites avec un immense amour
Se décentrer de soi, se centrer sur le Christ. Voilà un des enseignements que l’on peut tirer de l’évangile de ce jour, grâce à la figure de Jean-Baptiste.
L’humilité de Jean-Baptiste est plus que digne d’éloges. Cette humilité passe d’abord par une triple négation. Aux questions sur son identité, le Baptiste répond successivement : Je ne suis pas le Christ ; Je ne le suis pas ; Non. Ses interlocuteurs lui demandent alors ce qu’il dit sur lui-même. Là encore, humble réponse, puisque Jean-Baptiste se cache en empruntant la voix d’un autre, en l’occurrence le prophète Isaïe, pour répondre : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur. Humilité frappante, aussi, dans le pourquoi de son baptême : Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale.
Cependant, le décentrement du Baptiste, comme le montre cette dernière citation, n’est pas la recherche d’un vide, d’une mésestime de soi ou d’un auto-abaissement du genre « Je ne vaux rien ». Non, si le Précurseur est vide de lui-même, il est rempli de Dieu, il se centre vers Jésus, il gravite et tourne autour de lui. Tout, chez Jean-Baptiste – voix et gestes, cœur et corps –, oriente vers le Christ. L’on dirait qu’à l’image d’une planète qui orbite autour de son étoile, Jean-Baptiste ne fait que tourner autour de son soleil qu’est le Christ. Force centripète, force qui attire vers le Christ. Jean-Baptiste n’est qu’orientation, qu’aimantation vers le Christ. Réellement et sincèrement décentré de lui-même, il ne sait que recentrer sur l’astre d’en haut venu nous visiter à Noël, Dieu fait homme – un nourrisson.
Et moi, et nous ? Avons-nous une telle humilité ? Il me semble que si l’on est un peu honnête, la première chose que nous répondrions à « Qui es-tu ? » ne serait pas une triple négation proclamant ce que nous ne sommes pas ; mais plutôt une affirmation de ce que nous sommes. Qui, à cette question, n’invoquerait son CV, ses titres, ses responsabilités, son état de vie, ses relations familiales, sa communauté, etc. ? D’ailleurs, quand nous prenons la parole – à table, en famille, au travail, en réunion –, combien de fois commençons-nous par « moi, je » ? Et pour ceux qui ont des responsabilités laïques ou cléricales dans l’Église, qui n’a jamais senti qu’il cherchait – consciemment ou inconsciemment – à attirer vers lui, vers elle, plutôt que vers le Christ ? L’exact opposé de Jean le Baptiste.
Aussi, pour commencer l’année, après avoir contemplé la maternité divine de la Vierge Marie hier – une femme également vide d’elle-même, mais remplie de Dieu, la « comblée de grâce » –, il me plaît de vous proposer un petit exercice. Prenez un temps où vous êtes invités à parler, et prenez conscience du nombre de fois où vous commencez votre phrase par « je ». Bien sûr, toute phrase commençant par « je » n’est pas mue par l’orgueil. Mais « je » laisse à chacun l’art de discerner où il en est de son centrage sur lui-même et de son décentrement vers le Christ.