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La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne.
La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.
Ici, nous avons réuni la pratique et la théorie : rien ne fonctionne et personne ne sait pas pourquoi.
L’Évangile de la messe d’aujourd’hui nous montre un bel exemple de ce que l’on appelle dans l’Église « l’apostolat chrétien ». De quoi s’agit-il au juste ? Nous pouvons répondre intuitivement : faire connaître le Christ aux gens que nous rencontrons dans notre vie ordinaire, c’est-à-dire insuffler l’esprit chrétien dans notre milieu naturel, familial, professionnel et social. Cependant, nous trouvons une définition plus précise dans le Catéchisme de l’Église Catholique, au n° 863, citant un des documents du Concile Vatican II : « On appelle apostolat “toute activité du Corps mystique qui tend à étendre le règne du Christ à toute la terre”(Décret Apostolicam actuositatem n° 2) ». Exactement, ce que nous trouvons dans le passage évangélique que nous commentons, nous rapportant la « vocation » de saint Jean et de saint André.
André était le frère cadet de saint Pierre, le fils de Jonas de Bethsaïde, pêcheur de son métier. Avec Jean, son ami et associé, il a été très fortement frappé par la grâce de Dieu, une grâce puissante qui va trouver en lui un point d’appui ferme et stable. En effet, d’après la Tradition, il évangélisera après la Pentecôte la Grèce et mourra crucifié à Patras, l’an 69. On dit, à juste titre, de lui qu’il est le grand apôtre de la Croix : « O bona crux, diu desiderata, sollicite amata », « Croix longtemps désirée, ardemment aimée, cherchée sans relâche ». Mais, surtout, il a amené auprès du Christ son frère Simon dont le Seigneur fera la pierre sur laquelle il a bâti son Église. Quant à Jean, nous savons qu’il a amené auprès du Seigneur son frère Jacques, l’autre fils de Zébédée. Les quatre feront partie des douze apôtres du Christ, les colonnes de l’Église qu’il a fondée. Voilà de beaux exemples de l’apostolat à faire dans notre milieu naturel.
Comme pour nous, sans doute, tout a commencé par cette rencontre avec le Christ. Ils ont posé au Seigneur cette question, assez extraordinaire : Rabbi, ubi manes? Où demeures-tu ? C’était certainement plus qu’une simple curiosité, plutôt le désir de ne pas le voir partir, sortir de leur vie. C’est pourquoi quelque chose va rester gravé au fer rouge dans leur âme, jusqu’à la fin de leur vie, une âme que le temps passé auprès de saint Jean Baptiste avait préparée en profondeur. Désormais, ils peuvent parcourir le chemin qui conduira saint André à la Croix et saint Jean à traverser toute sorte de difficultés. C’est l’itinéraire de la sainteté, de toute sainteté, la nôtre aussi, par conséquent. Mais aussi, l’itinéraire de l’apostolat chrétien, chemin que nous sommes tous invités à parcourir, chacun dans son milieu naturel. Quand avons-nous été invités ? Il faut répondre, sans la moindre hésitation, au baptême, qui nous a marqués pour la vie.
Le Seigneur ne cesse pas de nous appeler tout au long de la vie. Il passe chaque jour tout près de nous, il se rappelle à notre bon souvenir. Mais dans le plus grand respect de notre intimité et de notre liberté : car il souhaite que nous l’aimions librement, car aucun amour n’est possible sans la liberté. Si nous l’aimons comme il se doit, nous aussi nous serons des « apôtres », c’est-à-dire des disciples sur qui le Seigneur pourra compter pour que nous répandions la Bonne Nouvelle autour de nous. L’Église nous rappelle sans cesse ce devoir ; Vatican II l’a fait de manière solennelle et détaillée et, dans sa foulée, tous les souverains pontifes qui sont venus après, jusqu’au pape François, surtout dans son exhortation « Evangelii gaudium » (24 novembre 2013, peu de temps après son élection au siège de Pierre).
Comme conclusion, voici ce que le document certainement le plus important du dernier concile signale sur l’apostolat des fidèles laïcs, présentation passionnante de cette tâche, inscrite dans notre baptême : « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. À cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur. » (Lumen gentium 31 §-2)
Faisons donc courageusement un bon examen personnel sur la façon dont nous nous acquittons de ce devoir primordial. Il en sortira des idées pour aider telle ou telle personne de notre entourage à rencontrer le Christ et à conformer sa vie à ses enseignements, seule voie conduisant au bonheur, un bonheur relatif mais réel dans ce monde et le bonheur définitif et complet dans la gloire du ciel. Et n’oublions jamais que nous appelons notre Mère la Vierge Marie « Reine des apôtres », non seulement Reine des douze apôtres que le Christ a personnellement choisis et envoyés mais de tous les chrétiens qui sont, par le simple fait d’être chrétiens, des gens que le Christ envoie dans leur milieu naturel pour proclamer, par leur exemple et leur parole, la Bonne Nouvelle du Salut.