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Je préfère vivre mes rêves que de rêver ma vie
La parabole du fils prodigue est bien connue. Elle met en relief deux aspects que nous sommes invités à approfondir en ce temps de Carême.
Le premier aspect, c’est celui du péché. Il est constitué, dans la doctrine traditionnelle de l’Église, et à la suite de l’enseignement de saint Augustin, de deux dimensions. La première dimension est la séparation d’avec Dieu, l’éloignement de Dieu, le cheminement dans le sens opposé à la volonté de Dieu, ce que l’on appelle l’aversio a Deo. Dans la parabole du fils prodigue, c’est exprimé ainsi : le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain. C’est le refus de la communion avec le Père, le détachement du principe de vie qu’est Dieu. La deuxième dimension est celle qui consiste à se tourner de manière désordonnée vers les biens terrestres, à se tourner vers soi-même où vers quelque réalité créée et finie, ce que l’on appelle la conversio ad creaturam. Dans l’Évangile du jour, c’est exprimé ainsi : le fils dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Croyant trouvé son bonheur dans ce qui n’était qu’un bien apparent, le fils rebelle expérimente alors le désarroi dans lequel l’a plongé le péché. Le Catéchisme de l’Église Catholique résume ainsi l’attitude du fils : « La fascination d’une liberté illusoire, l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ; l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons » (CEC, no 1439).
Mais tout ne s’arrête pas là. Nous découvrons ensuite le mouvement de conversion et de pénitence de ce fils dilapideur. C’est le retour au Père, qui passe par une prise de conscience qui le conduit à la conversion : Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Comme le dit encore le Catéchisme : « La réflexion sur les biens perdus ; le repentir et la décision de se déclarer coupable devant son père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux par le père ; la joie du père : ce sont là des traits propres au processus de conversion » (CEC, no 1439). Relevons que cette attitude de pénitence fait la joie du Père, qui attendait, presque les larmes aux yeux – si l’on pousse l’anthropomorphisme –, que son fils perdu revienne. Un Père qui ne cesse d’attendre pour manifester sa miséricorde, cette miséricorde de Dieu sur laquelle le pape François ne cesse de mettre le projecteur.
En ce temps favorable et de salut qu’est celui du Carême, je peux prendre aujourd’hui quelques minutes pour une petite analyse, sous le regard du Seigneur, de mon péché. Dans chacun de mes péchés, même le plus intime, même le plus infime, est-ce que je perçois l’éloignement de Dieu ? En quoi est-ce que je me tourne vers un bien fini, que je prends pour un vrai bien, mais qui n’est qu’apparent, et qui, au fond, ne m’apporte pas le bonheur ? Et est-ce que je suis prêt à vivre ce mouvement de conversion et de retour au Père, qui, dans l’économie actuelle du salut, ne peut passer que par la confession, si mon péché est grave ?