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L'Église pourrait être une démocratie. Mais dans ce cas, il faudrait faire voter les morts.
Saint Matthieu rapporte dans son Évangile l’une des premières visites que notre Seigneur a faite à sa « patrie », Nazareth. En ce lundi de la 3ème semaine de Carême, saint Luc nous présente un épisode similaire (peut-être le même ?). Dans notre commentaire, l’accent pourrait être mis sur l’importance que revêt pour l’histoire du Salut la période de sa vie connue comme « vie cachée ».. Notre conclusion en serait que, pour la grande majorité des chrétiens, le lieu de notre recherche quotidienne du Christ doit être non seulement une participation au culte et à la liturgie, ou encore la piété personnelle, nourrie de prières et de tant de dévotions salutaires, mais aussi la vie ordinaire au milieu du monde, avec les nombreux devoirs qu’elle comporte. Nous pourrions aussi évoquer l’effort à faire pour ne pas tomber dans une sorte de « nationalisme religieux », du genre mon pays est le plus catholique du monde.
Cependant, il m’a semblé que nous pourrions orienter notre commentaire d’aujourd’hui en un autre sens. Concrètement, en évoquant l’actualité permanente des livres révélés, en tout premier lieu des quatre Évangiles. En effet, ce sabbat-là Jésus a participé au service de la synagogue et, juste après la lecture d’un passage du prophète Isaïe, il a affirmé sans ambages : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre (v. 21). Il a donc confirmé ce que nous savons bien, à savoir que les Écritures ne sont pas des récits simplement historiques, vieux de plusieurs siècles, mais la Parole de Dieu qui s’adresse à chacun des lecteurs. Bien entendu, dans nos lectures personnelles, il ne s’agit pas de faire l’interprétation « authentique » du texte sacré, puisque cette tâche est de la compétence exclusive du Magistère de l’Église. Il n’en reste pas moins qu’à chaque fois, surtout dans les cérémonies liturgiques, Dieu nous adresse la Parole et que nous devrions l’écouter attentivement, quel que soit le contexte.
C’est pourquoi l’Église et les théologiens soulignent souvent le fait que, par le biais des Saintes Écritures, Dieu engage un dialogue personnel avec chaque homme. Dès lors, nous nous trouvons dans l’obligation de répondre aux remarques qu’il peut nous faire. Le Catéchisme de l’Église Catholique cite quelques lignes d’un des plus importants documents du Concile Vatican II, la constitution Dei Verbum (n° 8), sur la révélation : « Dieu, qui a parlé jadis, ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit Saint, par qui la voix vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et, par l’Église, dans le monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole du Christ réside en eux avec toute sa richesse (cf. Col 3, 16) ». (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 79)
Dans le même sens, le pape Benoît XVI proposait des idées lumineuses dans l’exhortation qui a suivi le synode centré sur la Parole de Dieu (5-22 octobre 2008) : « Dans ce dialogue avec Dieu, nous nous comprenons nous-mêmes et nous trouvons la réponse aux interrogations les plus profondes qui habitent notre cœur. Car la Parole de Dieu ne s’oppose pas à l’homme, ne mortifie pas ses désirs authentiques, bien au contraire, elle les illumine, les purifie et les mène à leur accomplissement. Comme il est important pour notre temps de découvrir que seul Dieu répond à la soif qui est dans le cœur de tout homme ! » (Benoît XVI, Verbum Domini, n° 23)
C’est donc dans un sens surtout ascétique qu’il faut comprendre l’affirmation du Concile selon laquelle la voix de l’Évangile est « vivante » ou que la parole du Christ « réside en nous avec toute sa richesse ». Exactement dans le sens que lui donnait saint Thérèse de l’Enfant-Jésus, citée elle aussi par le Catéchisme (n° 127) : « C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux » (Manuscrits autobiographiques. A 83v).
D’où notre résolution : chaque fois que nous ouvrirons l’Évangile, laissons-nous interpeler par notre Seigneur qui viendra toujours en ami, animé du désir de nous aider, voire de nous sauver, surtout si nous nous trouvons dans une situation délicate. Le pape François l’a très joliment exprimé dans une de ses exhortations : « Quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : “Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs” ». (Pape François, Exhortation Evangelii gaudium, n° 3).
Puisse la Vierge Marie, elle qui regardait et retenait tout pour le méditer calmement en son cœur, on pourrait dire à tête reposée, nous aider à toujours répondre comme elle qu’il me soit fait selon ta Parole aux invitations que Dieu nous adresse chaque fois que nous lisons les livres saints ou que nous en écoutons la lecture lors des cérémonies liturgiques.