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Six jours avant la Pâque. Après le prélude solennel du dimanche des Rameaux, la liturgie, en cette Semaine sainte, nous fait désormais revivre jour par jour et heure par heure, le drame de la Passion. Premier acte, à Béthanie, où habitait Lazare. La scène paraît très ordinaire : Jésus, étant venu à Jérusalem, en profite pour passer du temps avec ses amis. Or, un événement inhabituel va cristaliser la tension : Marie s’approche de Jésus pour répandre sur ses pieds un parfum très pur et de très grande valeur et subit, pour cela, les reproches de Judas Iscariote.
Autour de Jésus, Marie et Judas sont présentés comme deux figures que tout semble opposer. D’un côté, un amour sans mesure, celui de Marie, qui ne regarde pas à la dépense pour honorer son Seigneur ; de l’autre côté, l’esprit calculateur de Judas qui, sous couvert de nobles intentions, ne sert en fait que son propre intérêt.
L’une et l’autre attitude disent leur engagement à l’égard de Jésus, de Celui qui est la Vérité. Tandis que Judas se drappe dans le mensonge et le jeu des apparences, Marie, dans un geste dénué de calcul, accomplit un acte prophétique. Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! dira Jésus.
L’une et l’autre attitude ne restent pas sans effet. La cupidité de Judas va l’entraîner sur un sentier d’isolement et de repli sur soi ; elle débouchera sur la tragédie de la mort qu’il s’infligera lui-même. La générosité de Marie, à l’image du parfum de grand prix, remplit immédiatement de son odeur la maison entière parce qu’il est dans la nature de l’amour vrai de se répandre et de se diffuser.
Deux amours – pour reprendre le mot de S. Augustin – sont donc à l’œuvre sur cette scène. D’une part, « l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu » en la personne de Judas. D’autre part, « l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi » en la personne de Marie (cf. S. Augustin, La Cité de Dieu, XIV, 28). Les gestes de Marie cependant honorent autant qu’ils annoncent un amour plus extrême et sans égal, celui du Christ Jésus, s’abaissant pour laver les pieds de ses disciples, livrant sa vie sur le bois de la croix, enseveli dans un tombeau d’où se répandra non pas l’odeur morbide de la corruption mais le parfum très pur de la vie nouvelle des enfants de Dieu, de la charité que n’ont pas su retenir les ténèbres et l’ombre de la mort.
Demandons au Seigneur la grâce de traverser ces jours de la Passion non pas comme des spectateurs apeurés mais avec le même amour généreux et plein de délicatesse que Marie de Béthanie pour qu’autour de nous ne plane pas l’odeur de la mort mais que se répande le parfum de la charité.