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C'est pas vraiment de ma faute si y'en a qui ont faim, mais ça le deviendrait si on y changeait rien.
L’Évangile du Mercredi Saint met devant nos yeux la figure de Judas … Le rappel de son nom est indissociable du rappel de son acte de trahison, provoquant en nous une réaction immédiate de réprobation et de condamnation. Et pourtant, Judas était l’un des Douze : il a fait l’objet d’un choix de la part de Jésus, qui l’a traité jusqu’au bout en ami (cf. Mt 26, 50).
Dans un cycle d’audiences consacrées aux Apôtres, Benoit XVI faisait remarquer que la figure de Judas peut susciter en nous deux questions : pourquoi Jésus a-t-Il choisi cet homme et lui a fait confiance ? et pourquoi Judas trahit-il Jésus ?
En regardant la figure de Judas – comme aussi notre propre vie de pécheurs – nous nous trouvons devant le mystère de Dieu qui choisit et appelle des pécheurs. Le portrait que les évangélistes dressent de Judas accentue ce mystère quand on sait qu’il est qualifié de voleur (cf. Jn 12, 6a) et que Jésus Lui-même prononce un jugement très sévère sur son compte : Malheureux l’homme par qui le Fils de l’homme est livré (Mt 26, 24). Le mystère s’épaissit encore davantage, nous dit Benoît XVI, à propos du destin éternel de Judas qui, pris de remords, rapporte les trente pièces d’argent et reconnait son péché, avant d’aller de pendre (cf. Mt 27, 3-5). « Ce n’est pas à nous qu’il revient de juger son geste, en nous substituant à Dieu infiniment miséricordieux et juste », conclut Benoît XVI.
Mais pourquoi Judas a-t-il trahi Jésus ? Si diverses hypothèses tentent de répondre à cette question, en réalité, l’Évangile nous donne l’explication profonde : c’est le démon qui a inspiré à Judas l’intention de livrer Jésus (cf. Jn 13, 2). Au-delà de motivations purement humaines ou politiques, on explique ainsi le fait de la trahison à partir de la responsabilité personnelle de Judas, qui céda misérablement à une tentation du Malin. Trahison qui demeure, quoi qu’il en soit, un mystère.
En effet, les possibilités de perversion du cœur humain sont vraiment nombreuses. La seule façon d’y remédier consiste à ne pas cultiver une vision des choses uniquement individualiste, autonome, mais au contraire à se remettre toujours à nouveau du côté de Jésus, en assumant son point de vue. Saint Pierre, après sa chute s’est repenti et a trouvé le pardon et la grâce. Judas aussi s’est repenti, mais son repentir a dégénéré en désespoir, se transformant ainsi en autodestruction.
Ce regard porté sur la figure de Judas, au cœur de notre semaine sainte nous invite à la vertu de pénitence, en considérant notre condition de pécheur, ainsi que nous le rappelle la prière quotidienne de S. Philippe Neri : « Méfiez-vous de moi, Seigneur, car je suis capable de vous trahir comme Judas … ». Mais, pour qu’elle soit véritable, notre vertu de pénitence ne peut s’arrêter à considérer notre misère de pécheur sans nous livrer entièrement à l’infinie miséricorde de Dieu, comme nous y invite saint Benoît : « Ne désespère jamais de la miséricorde divine » (Règle, V).
Gardons donc deux choses à l’esprit : Jésus respecte notre liberté et Il attend notre disponibilité au repentir et à la conversion.
Enfin, Benoît XVI nous rappelle que c’est Matthias qui fut élu pour succéder à Judas ; Matthias dont l’appel divin et la fidélité compensent, en quelque sorte, la trahison de Judas : « Nous pouvons en tirer une dernière leçon : même si, dans l’Église, ne manquent pas les chrétiens indignes et traîtres, il revient à chacun de nous de contrebalancer le mal qu’ils ont accompli par notre témoignage limpide à Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur ».