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On a besoin de silence, pour être seul avec Dieu, pour lui parler, pour l'écouter, pour garder sa parole profondément dans notre coeur.
Aujourd’hui, il n’y a pas d’évangile à commenter. Car, le Samedi Saint, il n’y a pas de messe, et pour ainsi dire, pas de liturgie. Bien sûr, il y a les textes magnifiques de la Liturgie des Heures, mais tout sonne comme si, en ce jour, il fallait se taire. Pas de messe, pas d’évangile, une liturgie du silence… C’est le silence du Samedi Saint.
D’ailleurs, aucun des évangiles ne parle de ce jour : c’était le sabbat, et pas n’importe lequel, le sabbat de la Pâque, le « sabbat des sabbats ». Que sait-on des Apôtres et des disciples de Jésus le Samedi Saint ? Rien. Pourtant le lendemain, lorsque les femmes reviendront du tombeau, ils seront là, au Cénacle, et entendront les paroles de Marie-Madeleine… J’aime à penser que les Apôtres sont revenus, l’un après l’autre, dans le dernier endroit où ils avaient été ensemble, en silence. Un silence certainement empli de remords, de regrets. Un silence habité par les souvenirs de ces trois années passées à la suite du Seigneur, sur les chemins de Galilée, de Samarie et de Judée, le souvenir des paroles adressées par Jésus à chacun, et le constat amer d’avoir été indigne de sa confiance, de son amour. Des retrouvailles douloureuses, silencieuses, comme une famille endeuillée, avec beaucoup de reproches à se faire. « Si seulement j’avais eu le courage… J’étais prêt à tout donner pour lui… »
Au silence du Cénacle, fait écho le silence du tombeau. Sur la pierre repose le corps du Seigneur. C’est l’accomplissement du sabbat. Le septième jour, le Seigneur Dieu se reposa de tout son ouvrage. Comme à la fin de la création, le Fils unique, ayant accompli son œuvre de rédemption, repose dans la froideur du tombeau. Il est l’heure de passer à autre chose, à une Alliance nouvelle, au « huitième jour », qui est le premier jour d’une semaine nouvelle, d’un temps nouveau. C’est imminent. En attendant, il repose là, dans le silence.
Il descend dans le silence des enfers, où il vient annoncer l’aurore de ce jour nouveau. On le voit sur l’icône de la descente aux enfers, prendre la main d’Adam et Ève, comme un aîné venu chercher ses petits frères et sœurs, pour les conduire dans le paradis : « Éveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts et sur toi luira le Christ ! »
Une autre est en silence, un silence habité par la foi et l’espérance. Marie, l’icône de l’Église, attend la résurrection bienheureuse.
À nous de vivre maintenant le silence du Samedi Saint, en le laissant habiter par la relecture de ce que nous avons vécu pendant le Carême, en nous remettant au Seigneur, en prenant conscience de nos péchés qui nous ont rendus indignes de son amour, mais en laissant aussi l’espérance de la Résurrection déborder nos cœurs, et nous relever d’entre les morts. Que ce Samedi Saint soit la préparation ultime à notre union au Christ mort et ressuscité. Que le repos du sabbat cède bientôt la place à l’exultation pascale !