Résultat de la recherche
Celui qui n'a pas d'objectifs ne risque pas de les atteindre.
L’Évangile du jour nous montre encore une fois que Notre Seigneur a toujours été franc et loyal avec ses disciples. En réalité, avec les chrétiens de tous les temps, puisque les Évangiles ont été écrits pour tous. Dans le texte de la messe d’aujourd’hui, il joue pour ainsi dire cartes sur table, c’est-à-dire qu’il ne nous cache pas les difficultés que nous devrons toujours rencontrer pour mettre en pratique ses enseignements et ses conseils. Autrement dit, non seulement il annonce noir sur blanc l’existence quotidienne des difficultés de toute sorte, mais il a tenu a en souligner la valeur et la force. C’est pourquoi nous pouvons orienter aujourd’hui notre modeste commentaire dans ce sens-là.
Prenons comme angle d’attaque, comme éclairage, ces textes et bien d’autres. Dans notre vie chrétienne, il s’agit de chercher partout le visage bien-aimé de Notre Seigneur, tel qu’il apparaît dans la Sainte Écriture. De nous mettre à sa suite, en nous reniant nous-mêmes, en nous chargeant de la croix. Voilà donc une donnée de base : il faut compter avec les difficultés et en faire une force. D’où viennent-elles, quelle en est la cause ? La théologie, donc l’étude scientifique de notre foi, répond : le péché, plus concrètement le désordre qu’il a introduit partout donnant lieu à toute sorte d’obstacles. Ce serait une illusion et même un danger que d’en oublier l’existence. L’important est de garder un regard de foi nous permettant d’y voir le Christ, son visage défiguré par la douleur, les calomnies et les injustices dont il a été l’objet. Et, en même temps, la force rédemptrice qu’il en a tirée, pour changer le monde.
Dans sa vie publique, le Thabor était une anticipation de la gloire future, mais le Thabor doit venir après le Calvaire. Tel est le seul chemin, comme tant de saints nous l’ont montré ; en cela aussi ils sont un maître pour nous. Voilà le bon esprit, si bien que nous ne devons pas sortir de là, sous peine de nous égarer. C’est le bon chemin et nous en comprenons bien les raisons. Cela dit, il est important d’y revenir régulièrement dans notre prière personnelle. Parce que toutes ces raisons prennent à rebours nos raisonnements humains. Il y aura toujours un écart entre la pensée et l’action, entre nos désirs et la réalité. Le but n’est donc pas d’arriver toujours à maîtriser nos premières réactions, ce qui est pratiquement impossible. Plutôt de les redresser, à force de prière, d’expérience et de volonté : avec la grâce de Dieu. La difficulté gêne, la contrariété contrarie : par conséquent, si telle est ma réaction première, je ne suis pas anormal !
Ma foi chrétienne devrait m’amener à y chercher le visage du Christ, à monter avec lui au Calvaire. Voilà qui devrait nous rassurer et nous montrer le chemin pour les maîtriser, pour en faire une force, notre force, peut-être la seule dans bien des situations. Tout cela étant dit, dans quel esprit devons-nous les accueillir ? Tout doit partir de l’ensemble d’idées que nous venons de résumer. À titre d’exemple, voici quelques-unes qui pourraient nous aider :
§ Vision de foi : première qualité à mettre en pratique. La souffrance, les tribulations et les difficultés ont une signification positive pour le chrétien. Parce que Notre Seigneur a vaincu le péché et la mort sur le bois de la Croix. Saint Josémaria, comme d’autres saints, a beaucoup parlé de la Croix, il a évoqué une peur collective. Qui se traduit par une fuite éperdue et universelle de tout ce qui s’y rapporte. C’est une des missions des chrétiens : hisser le Christ très haut, hisser la Croix (Cf. Jn 12, 32). Lui rendre ses lettres de noblesse, apprendre à la découvrir, à la porter et à l’aimer. C’est donc l’une de nos missions, en tant que chrétiens : en prêchant d’exemple pour commencer. Sans tomber dans un ton plaintif, sans faire des simagrées, en étant endurants. Cherchons nous-mêmes à comprendre et faisons comprendre qu’il y a là une occasion de purification. Nous oublions trop vite nos infidélités, nos péchés, notre mission d’apôtres et de corédempteurs
§ Esprit sportif et joie dans notre lutte et dans notre travail apostolique. Aborder les difficultés et les supporter dans une attitude résolue et joyeuse. L’Église nous rappelle les vertus à pratiquer, tout spécialement l’optimisme, l’endurance, le courage, la joie. Quatre vertus qui déterminent notre attitude face aux obstacles intérieurs ou extérieurs. Nous fixons nos buts et nous persévérons dans notre entraînement quotidien. La difficulté, petite ou grande, est un stimulant, une haie à franchir dans notre course. Esprit sportif pour affronter les obstacles mais aussi joie et bonne humeur. Dans notre monde, cette attitude peut réveiller beaucoup de gens et les faire réagir.
§ Ajoutons pour finir une dernière qualité, pas la moindre : l’objectivité. Ne pas inventer des croix qui n’existent pas, ne pas se compliquer inutilement la vie. Nous risquons d’attacher une importance démesurée à certaines situations. Ou à des événements qui font temporairement obstacle à notre vie spirituelle ou au travail apostolique. Nous risquons de penser que tout va plus ou moins mal, que rien n’est bien fait, que le travail est inefficace. On pourrait, en définitive, en arriver à une espèce de pessimisme « global ». Quelle est la racine d’une telle attitude ? On peut répondre : l’oubli de notre filiation divine. Mais aussi un manque d’objectivité et un excès de sensibilité ; bref, le manque de recul. Un bon médecin ne dit pas que tout est pourri, mais fait son diagnostique et applique la thérapie.
Dieu n’a pas épargné sa Mère mais l’a étroitement associée à sa Croix. Appuyons-nous très fort sur elle : d’abord en méditant sa vie, grâce aux très beaux texte disponibles. Ensuite en faisant appel à elle ; peut-être aussi par la récitation d’un chapelet ou de quelques mystères, voire d’un seul.