Résultat de la recherche
Ce qui importe avant tout, c'est d'entrer en nous-même pour y rester seul avec Dieu.
Trois brèves remarques pourront aider chacun de nous à méditer plus profondément ce texte inépuisable, et plus particulièrement, la scène de la rencontre de Jésus avec sa mère.
La première est une petite correction de la traduction liturgique pour mieux coller au texte grec. Dans nos missels, nous lisons : Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère… En fait, l’évangéliste n’a pas utilisé le possessif dans ce verset. Il conviendrait plutôt de traduire : « Jésus, voyant la mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à la mère… ». C’est bien de Marie évidemment qu’il est question et donc de « sa » mère, mais l’omission intentionnelle du possessif indique déjà la dilatation universelle de la maternité de Marie : elle est « la » mère, notre mère à tous.
La seconde porte sur la formule de désignation : Voici ton fils… voici ta mère... L’évangéliste Jean en use en certains endroits et de façon toujours solennelle : Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! (Jn 1,29), Voici l’homme ! (Jn 19,5) déclarent Jean-Baptiste puis Pilate. Les exégètes évoquent ici un « schème de révélation ». Qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien, à chaque fois, on y voit un homme saisi par Dieu, qu’il soit un de ses amis ou non. C’est un « voyant », il est témoin d'un événement comme les autres, mais il en exprime le sens profond par une parole en forme d’oracle introduite par « voici ». Dans le cas qui nous intéresse, la parole de Jésus : Femme, voici ton fils ne signifie donc pas seulement : « Considère-le désormais comme ton fils, agis envers lui comme s'il était ton fils » ; mais : ce qui est en train de se passer maintenant, le fruit profond de mon sacrifice sur la croix, c’est que ce disciple devient ton fils et que tu es sa mère.
Une dernière remarque sur la façon si étrange dont Jésus interpelle Marie : Femme. Qui s’adresserait ainsi à sa mère ? Que signifie donc ce titre ? Dans un texte aussi théologique, il s’agit clairement d’un renvoi à la Genèse : Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul, dit Dieu. Je veux lui faire une aide qui lui soit comme un vis-à-vis (Gn 2,18). On se souvient du cri d’émerveillement de l’homme après la création de cette « aide » : On l'appellera femme, celle-ci (Gn 2,23). La Genèse laisse entendre la richesse de la relation homme-femme et l’inscrit dans le dessein originel de Dieu. Sur la croix, Jésus désigne ainsi sa mère comme la nouvelle Ève, l’aide parfaite qui collabore avec lui au salut de l’humanité.
Le Christ a sa place unique, comme sauveur, mais Marie est à sa côté comme sa collaboratrice sans faille. Elle apporte sa foi à l’heure où tout semble chanceler. Elle ouvre ainsi un chemin à tous les disciples de son Fils.