Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 29 avril 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 29 avril 2020

Aujourd'hui, c'est la fête de Sainte Catherine de Sienne, Docteur de l'Église, Patronne de l'Europe. Prions pour l'Europe, pour l'unité de l'Europe, pour l'unité de l'Union européenne : que tous ensemble nous puissions avancer comme des frères.

 

Dans la première lettre de l'apôtre saint Jean, les contrastes sont nombreux : entre la lumière et les ténèbres, entre le mensonge et la vérité, entre le péché et l'innocence. Mais l'Apôtre revient toujours aux choses concrètes, à la vérité, et il nous dit que nous ne pouvons pas être en communion avec Jésus tout en marchant dans les ténèbres, car Lui, il est lumière. Soit une chose, soit l'autre : le gris est pire, car le gris te fait croire que te marches dans la lumière, sous prétexte que ce n’est pas l'obscurité totale, et cela rassure. Le gris est vraiment traître. Une chose ou l’autre.

L'apôtre poursuit : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Nous avons tous péché, nous sommes tous pécheurs. Et là, il y a une chose qui peut nous tromper car en disant "nous sommes tous pécheurs", nous pourrions être un peu comme ceux qui disent "bonjour", "bonne journée", une phrase habituelle, voire sociale, et nous pourrions ne pas avoir une vraie conscience du péché. Non : moi je suis un pécheur pour telle raison et telle autre. Être concrets. C’est le caractère concret de la vérité : la vérité est toujours concrète ; les mensonges sont éthérés, ils sont comme l'air, qu’on ne peut attraper. La vérité est concrète. Vous ne pouvez pas aller confesser vos péchés de manière abstraite : "Oui, je... oui, j'ai perdu patience une fois, une autre fois peut-être...", et d’autres choses abstraites. "Je suis un pécheur…" Soyons concrets : "J'ai fait telle chose. J’ai pensé telle chose. J'ai dit telle chose". Le concret est ce qui me donne le sentiment d’être un vrai pécheur et non pas un "vague pécheur".

Jésus dit dans l'Évangile : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Les tout-petits sont concrets. C'est beau d'écouter les petits quand ils viennent se confesser : ils ne disent pas des choses bizarres, approximatives ; ils disent des choses concrètes, et parfois trop concrètes parce qu'ils ont cette simplicité que Dieu donne aux petits. Je me souviens toujours d'un enfant qui est venu un jour me dire qu'il était triste parce qu'il s'était disputé avec sa tante... Mais le dialogue a continué. Et je lui ai demandé : "Qu’est-ce qui s’est passé ? « Eh bien, j'étais à la maison, je voulais aller jouer au foot mais ma tante, parce que maman n'était pas là, m’a dit : "Non, tu ne sors pas ; tu dois d'abord faire tes devoirs". On a eu des mots et à la fin je lui ai dit d'aller se faire voir ailleurs ». Cet enfant avait une grande culture géographique, car il m'a même dit où il avait envoyé sa tante ! Les enfants sont comme ça : simples, concrets.

Nous aussi, nous devons être simples et concrets. Être concret permet d’être humble, car l'humilité est concrète. "Nous sommes tous des pécheurs" est une phrase abstraite. Non : "Je suis un pécheur pour telle raison et pour telle autre", et alors je regarde Jésus, un peu honteux : "Pardonne-moi". C’est la véritable attitude du pécheur. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. C'est une façon de dire que nous sommes sans péchés, c'est cette attitude abstraite : "Oui, nous sommes pécheurs, oui, j'ai perdu patience une fois...", mais vaguement…. Cela veut dire ne pas être conscient de la réalité de mes péchés. "Mais vous le savez bien, nous sommes tous pareils, je suis désolé, je suis désolé... ça me fait mal, je ne veux plus le faire, je ne veux plus le dire, je ne veux plus le penser". Il est important de nommer nos péchés intérieurs. Concrètement. Parce que si nous restons dans le flou, nous finirons dans l'obscurité. Devenons plutôt comme les tout-petits, qui disent ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent : ils n'ont pas encore appris l'art de dire les choses de manière un peu déguisée pour qu'on les comprenne mais sans les dire. Ça c'est l’art des grands, et cela ne nous fait aucun bien.

Hier, j'ai reçu une lettre d'un garçon qui s'appelle Andrea. Et il m'a parlé de lui : les lettres des jeunes, des enfants, sont belles, parce qu’elles sont concrètes. Et il m'a dit qu'il avait suivi la messe à la télévision et qu'il devait me "reprocher" une chose : parce que tu dis "la paix soit avec vous", "et tu ne peux pas dire ça, car avec la pandémie, nous ne pouvons pas nous toucher". Il ne rend pas compte pas que vous [ici, dans l'église] vous vous inclinez seulement sans vous toucher. Mais il a eu cette liberté de dire les choses comme elles sont.

Nous aussi, avec le Seigneur, nous devons avoir la liberté de dire les choses comme elles sont : "Seigneur, je suis dans le péché : aide-moi. Comme Pierre après la première pêche miraculeuse : Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. Ayez cette sagesse du concret. Parce que le diable veut que nous vivions dans la torpeur, dans la tiédeur, dans le gris : ni bon ni mauvais, ni blanc ni noir, gris. C’est une vie qui ne plaît pas au Seigneur. Le Seigneur n'aime pas les tièdes. Soyons concrets. Pour ne pas mentir. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés. Il nous pardonne quand nous sommes concrets. La vie spirituelle est si simple, si simple ; mais nous la compliquons avec ces nuances, et à la fin nous n'arrivons nulle part...

Demandons au Seigneur la grâce de la simplicité et qu'il nous accorde cette grâce qu'il donne aux gens simples, aux enfants, aux jeunes qui disent ce qu'ils ressentent, qui ne cachent pas ce qu'ils ressentent. Même si c'est une erreur, mais ils le disent. Faisons de même avec Lui, disons les choses, soyons transparents. Ne vivez pas une vie qui soit une chose et une autre. Demandons la grâce de la liberté pour dire les choses et aussi la grâce de savoir qui nous sommes vraiment devant Dieu

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.