Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 28 avril 2020

En ce moment, où l'on commence à avoir des indications pour sortir de la quarantaine, prions le Seigneur pour qu'il donne à son peuple, à nous tous, la grâce de la prudence et de l'obéissance à ces indications, pour que la pandémie ne revienne pas.

 

Dans la première lecture de ces derniers jours, nous avons écouté le récit du martyre d’Étienne : la façon dont cela s'est produit est simple. Les docteurs de la Loi ne toléraient pas la clarté de sa doctrine, et, dès qu'elle fut proclamée, ils sont allés demander à quelqu'un de dire qu’il avait entendu une autre personne dire qu'Étienne blasphémait contre Dieu, contre la Loi. Et après cela, ils s'emparèrent de lui et le lapidèrent : comme ça, directement. C'est un mode opératoire que l'on a déjà observé : avec Jésus aussi ils ont fait la même chose, lorsque l’on a cherché à convaincre le peuple qu’il avait blasphémé et ils ont se sont mis à crier : Crucifie-le ! C'est de la barbarie. C'est de partir d’un faux témoignage pour "faire justice". C'est le schéma qui a été suivi. Dans la Bible aussi on trouve des cas similaires : c’est ce que l’on a fait à Suzanne (cf. Dn 13,1-64), à Nabot (cf. 1 R 21,1-16), et Aman a ensuite a cherché à faire la même chose avec le peuple de Dieu (cf. Est 3, 1-14). De fausses informations, des calomnies qui échauffent le peuple qui, ensuite, demande justice. C'est un lynchage, un vrai lynchage.

Ils conduisent donc Étienne devant le juge, pour que le juge donne une apparence légale à tout cela, car de fait il a déjà été jugé ; le juge devrait être très, très courageux pour s’opposer à un jugement "aussi populaire", fait exprès, préparé d’avance. C'est aussi  le cas de Pilate : Pilate a vu clairement que Jésus était innocent, mais il a entendu les cris du peuple et s'en est lavé les mains. C'est une manière de faire jurisprudence. Aujourd'hui aussi nous voyons ce phénomène : cela arrive, dans certains pays, quand on veut faire un coup d'État ou "se débarrasser" de certains hommes politiques pour qu'ils ne puissent pas se présenter aux élections : on distille de fausses informations, des calomnies, et on s'en remet ensuite à un juge, de ceux qui aiment faire jurisprudence avec ce positivisme "de situation" qui est à la mode. Et ensuite il condamne. C'est un lynchage social. C'est ce qui est arrivé avec le jugement d’Étienne : on amène devant le juge une personne qui est déjà jugée par le peuple, un peuple qui a été trompé.

Cela arrive aussi avec les martyrs d'aujourd'hui : les juges ne peuvent pas rendre justice, parce que les personnes qu’on leur présente ont déjà été jugées. Pensons au cas d'Asia Bibi, par exemple, que nous avons pu observer : dix ans de prison par ce qu'elle a été accusée à la suite d’une calomnie, et par un peuple qui veut sa mort. Bien souvent on ne peut rien faire devant cette avalanche de fausses informations qui créent l'opinion : on ne peut rien faire.

Je pense beaucoup, à ce propos, à la Shoah. La Shoah est un cas similaire : on crée une opinion contre ce peuple et, ensuite, il devient normal d’affirmer : "Oui, oui, il faut les tuer, il faut les tuer". Une manière de procéder pour "éliminer" les gens qui gênent, qui dérangent.

Nous savons tous que cela n'est pas bon, mais ce que nous ne savons moins c'est qu'il y a un petit lynchage quotidien qui cherche à condamner les gens, à leur créer une mauvaise réputation, à les écarter, à les condamner. C’est le petit lynchage quotidien du commérage, qui fabrique une opinion. Parfois on entend une personne parler mal de quelqu'un et on rétorque : "Mais non, c’est une bonne personne !" �– "oui, mais il paraît que…", et avec ce "il paraît que" on crée une opinion définitive sur quelqu'un. La vérité c’est autre chose : la vérité consiste à témoigner du vrai, de ce que l’on croit ; la vérité est claire, elle est transparente. La vérité ne tolère pas les pressions. Regardons le martyr Étienne, le premier martyr après Jésus. Le premier martyr. Pensons aux apôtres : tous ont rendu témoignage. Et pensons aux nombreux martyrs, également à celui que nous fêtons aujourd'hui, saint Pierre Chanel qui a été victime des commérages, qui disaient qu'il était contre le roi… On crée une réputation et on tue. Et pensons à nous, à notre langue : très souvent avec nos commentaires, nous commençons un lynchage de ce genre. Et dans nos institutions chrétiennes, nous avons vu de nombreux lynchages quotidiens qui sont nés des commérages.

Que le Seigneur nous aide à être justes dans nos jugements, à ne pas commencer ou à ne pas poursuivre cette condamnation massive provoquée par des commérages.

 

Communion spirituelle

Je me prosterne à tes pieds, ô mon Jésus, et je t'offre le repentir de mon cœur contrit qui s’abaisse dans son néant et en ta sainte présence. Je T’adore dans le sacrement de ton Amour. Je désire te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur. Dans l'attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux Te posséder en Esprit. Viens à moi, ô mon Jésus, et que je vienne à Toi. Que ton amour enflamme tout mon être, pendant ma vie et au moment de la mort. Je crois en Toi, j'espère en Toi, je T'aime. Amen.