Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 26 avril 2020

Prions aujourd'hui, au cours de cette messe, pour toutes les personnes qui souffrent de tristesse, parce qu'elles sont seules ou parce qu'elles ne savent pas quel avenir les attend, ou parce qu'elles ne peuvent pas continuer à vivre avec leur famille faute d'argent, ou parce qu'elles n'ont pas de travail. Tant de gens qui souffrent de tristesse. Prions pour eux aujourd'hui.

 

Nous avons souvent entendu dire que le christianisme n'est pas seulement une doctrine, une façon de se comporter, ou une culture. Oui, certes, c'est tout cela, mais le plus important, c'est que c’est avant tout une rencontre. On est chrétien parce que l’on a rencontré Jésus-Christ, on a laissé Jésus nous trouver.

Ce passage de l'Évangile de Luc nous raconte une rencontre, et nous permet de bien comprendre comment le Seigneur agit, et comment nous agissons. Nous sommes nés avec une graine d’inquiétude. Dieu l'a voulu ainsi : inquiétude pour trouver la plénitude, inquiétude pour trouver Dieu, et souvent nous ne savons même pas d’où nous vient cette inquiétude. Notre cœur est inquiet, notre cœur a soif : soif d’une rencontre avec Dieu. Il le cherche, mais souvent sur un mauvais chemin : il se perd, revient, le cherche encore... Dieu, quant à lui, a soif de rencontre, à tel point qu'il a envoyé Jésus à notre rencontre, pour venir à la rencontre de cette inquiétude.

Comment Jésus agit-il ? Dans ce passage de l'Évangile d’aujourd’hui, nous voyons bien qu'il respecte notre attitude, il ne va pas plus vite que nous. Parfois c’est différent, comme avec des gens têtus – nous pensons à Paul par exemple – quand il le fait tomber de cheval. Mais en général, il agit lentement, il respecte notre rythme. Il est le Seigneur de la patience. Quelle patience le Seigneur a avec chacun de nous ! Le Seigneur marche à nos côtés.

Comme nous l'avons vu ici avec ces deux disciples, Il écoute nos inquiétudes : Il les connaît ! et puis il nous dit quelque chose. Le Seigneur aime nous écouter parler, pour bien nous comprendre et donner la bonne réponse à cette inquiétude. Le Seigneur n'accélère pas, il va toujours à notre rythme, et souvent lentement, car sa patience est ainsi faite.

Il existe une ancienne règle des pèlerins qui dit que le vrai pèlerin doit marcher au rythme de la personne la plus lente. Et Jésus en est capable, il le fait, il n'accélère pas, il attend que nous fassions le premier pas. Et quand le moment est venu, il nous pose la question. Dans ce cas, c’est clair : de quoi discutez-vous en marchant ? Il fait semblant de ne pas savoir pour nous faire parler. Il aime quand nous parlons. Il aime nous écouter, il aime quand on lui parle. Il nous fait parler, comme s'il n’était pas au courant, pour nous écouter et nous répondre, mais avec un grand respect. Et puis il répond, il explique, autant qu’il le faudra. C'est ce qu'il nous dit ici : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Il explique, il éclaire.

J'avoue que j’aimerais bien savoir comment Jésus leur a expliqué tout cela, pour pouvoir faire de même. Ce fut une belle catéchèse. Et puis ce même Jésus qui les a accompagnés et s'est approché d’eux, fait semblant d'aller plus loin pour prendre la mesure de leur inquiétude : mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous ». Alors a lieu la rencontre, mais cette rencontre ne s’est pas produite seulement au moment de rompre le pain, elle a eu lieu pendant tout le chemin. Nous rencontrons Jésus dans l'obscurité de nos doutes. Même dans le doute, bien laid, de nos péchés, Il est là pour nous aider dans nos inquiétudes... Il est toujours avec nous.

Le Seigneur nous accompagne parce qu'il veut nous rencontrer. C'est pourquoi nous disons que le cœur du christianisme est une rencontre : la rencontre avec Jésus. Pourquoi es-tu chrétien ? Pourquoi es-tu chrétienne ? Beaucoup de gens ne savent pas l’expliquer. Certains diront que par tradition mais beaucoup d'autres ne sauront pas : ils ont rencontré Jésus, mais ils n'ont pas réalisé que c'était une rencontre avec Jésus. Jésus est toujours à notre recherche. Toujours. Et nous nous sommes inquiets. Et c’est quand notre inquiétude rencontre Jésus que commence la vie de la grâce, la vie de la plénitude, la vie du cheminement chrétien.

Que le Seigneur nous donne à tous cette grâce de rencontrer Jésus tous les jours, de savoir, de vraiment comprendre qu'il marche avec nous à chaque instant. Il est notre compagnon de pèlerinage.

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.