Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 24 avril 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 24 avril 2020

Nous prions aujourd'hui pour les enseignants qui doivent beaucoup travailler si dur pour donner des sur Internet et sur d'autres médias, et prions également pour les étudiants qui doivent passer des examens d'une manière à laquelle ils ne sont pas habitués. Accompagnons-les par la prière.

 

Une phrase de l'Évangile peut nous fait réfléchir : Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. C'est ce que Jésus avait à l'esprit lorsqu'il avait dit à Philippe : Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? Mais Jésus savait. Nous voyons ici l'attitude de Jésus avec les apôtres. Il les mettait continuellement à l'épreuve pour les enseigner et, lorsqu'ils n'étaient plus en mesure d'exercer leur fonction, il s’arrêtait et les enseignait. L'Évangile est plein de ces attitudes de Jésus destinées à faire grandir ses disciples pour en faire des bergers du peuple de Dieu, en l'occurrence des évêques.

L'une des choses que Jésus aimait le plus c’était d'être avec la foule, car cela aussi est un symbole de l'universalité de la rédemption. Mais l'une des choses que les apôtres n'aimaient pas trop, c'était la foule, parce qu'ils préféraient être proches du Seigneur, pour écouter tout ce qu’il disait. Ce jour-là, ils se trouvent à un endroit pour se reposer car ils revenaient de mission et le Seigneur leur avait dit : venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu et ils y sont allés. Les gens ont vu où ils se rendaient en barque, ils ont marché le long du rivage et les ont rejoints. ...Et les disciples n'étaient pas contents parce que la foule avait gâché la petite fête qu’ils pensaient faire avec le Seigneur.

Néanmoins, Jésus a commencé à enseigner, ils ont écouté, puis ils ont posé des questions... et les heures, passaient, et Jésus continuait de parler et les gens étaient ravis. Et les apôtres se sont dit : "...c’en est fini de notre fête et de notre repos". Mais le Seigneur voulait rester proche du peuple, et il voulait également former le cœur des bergers pour qu’eux aussi soient proches du peuple de Dieu, à son service. Ils ont compris qu’ils étaient choisis, un peu comme un cercle privilégié, une classe privilégiée, "une aristocratie", disons, proche du Seigneur, et bien souvent le Seigneur les a corrigés. Pensons par exemple à l’épisode avec les enfants. Ils protégeaient le Seigneur : "Non, non, non, que les enfants ne s’approchent pas, ils dérangent, ils gênent... Que les enfants restent avec leurs parents". Et Jésus ? : Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas. Et ils n'ont pas compris. Plus tard ils ont compris. Je pense aussi à ce qui s’est passé sur la route de Jéricho, à cet homme qui criait : Jésus, fils de David, aie pitié de moi. L’évangile dit que ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Une autre intervention du Seigneur.

Il leur a donc appris à être proches du peuple de Dieu. Il est vrai que le peuple de Dieu fatigue le berger : quand il y a un bon berger, le travail augmente, parce que les gens vont toujours trouver le bon berger pour une raison ou pour une autre. Un jour le curé d’une grosse paroisse dans un quartier simple et humble de mon diocèse, avait un presbytère qui étaient une simple maison, comme les autres, et les gens venaient frapper à sa porte ou à sa fenêtre à chaque heure... et un jour il m'a dit : "Parfois j’aurais envie de murer ma porte et ma fenêtre pour qu'on me laisse tranquille". Mais il se rendait compte qu'il était un berger et qu'il devait être avec les gens !

Jésus a formé ses disciples et ses apôtres pour qu’ils adoptent cette attitude pastorale qui consiste à être proches du peuple de Dieu. Et le peuple de Dieu est fatigant, parce qu'il nous demande toujours des choses concrètes ; à tort peut-être, mais des choses concrètes. Et le pasteur doit s'en occuper.

Le récit des autres évangélistes précise que le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. » Qu'avaient-ils en tête ? Ils voulaient peut-être faire un peu la fête entre eux, avec cet égoïsme qui n'est pas mauvais et que l’on peut comprendre : rester avec le berger, rester avec Jésus qui est le grand berger ; mais Jésus leur répond, pour les mettre à l'épreuve : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Et c'est ce que Jésus dit aujourd'hui à tous les bergers : Ils sont angoissés ? Rassurez-les ! Ils sont perdus ? Montrez-leur le chemin ! Ils se sont trompés ? Aidez-les à trouver la bonne solution ! À vous de jouer, à vous de jouer…

Et le pauvre apôtre sent qu'il doit donner, donner, donner… Mais de qui reçoit-il quelque chose ? Jésus nous répond : de Celui-là même de qui lui, Jésus, reçoit. Car après cet épisode, il prend congé des apôtres et va prier son Père. Cette double proximité du pasteur est ce que Jésus essaie de faire comprendre aux apôtres pour qu'ils deviennent de grands pasteurs. Mais souvent, la foule se trompe et c’est ce qui se passe ici :  à la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

Il est possible, mais l'Évangile ne le dit pas, que quelques apôtres ont eu envie de lui dire : " Seigneur, profitons de la situation et prenons le pouvoir". Une autre tentation. Et Jésus leur montre que ce n'est pas la voie à suivre. Le pouvoir du pasteur consiste à servir, il n'a pas d'autre pouvoir, et quand il fait une erreur en prenant un autre pouvoir, il brise sa vocation et devient, je ne sais pas…, directeur d'une entreprise pastorale mais pas pasteur. La structure ne fait pas de pastorale ; c’est le cœur du berger qui fait de la pastorale. Et le cœur du berger est ce que Jésus nous apprend maintenant.

Prions le Seigneur pour les pasteurs de l'Église : que le Seigneur leur parle toujours, parce qu'il les aime beaucoup. Qu’il nous parle toujours, qu’il nous dise quoi faire, qu’il nous explique et surtout qu’il nous apprenne à ne pas avoir peur du peuple de Dieu, à ne pas avoir peur d'être près d'eux.

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.