Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 22avril 2020

En ce temps où l'unité est si nécessaire entre nous, entre les nations, prions aujourd'hui pour l'Europe afin qu’elle réussisse à construire cette unité, cette unité fraternelle dont rêvaient les pères fondateurs de l'Union européenne.

 

Ce passage de l'Évangile de Jean, le dialogue entre Jésus et Nicodème, est un véritable traité de théologie. Tout y est : le kérygme, la catéchèse, la réflexion théologique, la parénèse... tout est dans ce chapitre. Et chaque fois que nous le lisons, nous y trouvons plus de richesse, plus d'explications, plus de choses qui nous font comprendre la Révélation de Dieu. Ce serait bien de le lire plusieurs fois, pour s'approcher du mystère de la Rédemption. Aujourd'hui, je voudrais souligner deux points.

Le premier est la révélation de l'amour de Dieu. Dieu nous aime et il nous aime – comme le dit un saint – à la folie : l'amour de Dieu semble être une folie. Il nous aime : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Il a donné son Fils, il a envoyé son Fils et il l'a envoyé pour mourir sur la croix. Chaque fois que nous regardons le crucifix, nous trouvons cet amour. Le crucifix est précisément le grand livre de l'amour de Dieu. Ce n'est pas un objet à mettre ici ou là, qu’il soit beau ou pas, ancien ou plus moderne... non. Il est très précisément l'expression de l'amour de Dieu. Dieu nous a aimés de cette façon : il a envoyé son Fils, il s'est anéanti jusqu'à mourir sur la croix par amour. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

Combien de personnes, combien de chrétiens passent du temps à regarder le crucifix ... et ils y trouvent tout, parce qu'ils ont compris ou plus exactement l'Esprit Saint leur a fait comprendre qu'il y a là toute la science, tout l'amour de Dieu, toute la sagesse chrétienne. Paul en parle, en expliquant que tous les raisonnements humains que l’on peut faire sont utiles jusqu'à un certain point, mais que le vrai raisonnement, la plus belle façon de penser, et aussi celui qui explique le mieux toutes choses est la croix du Christ, un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes, c’est une folie mais c’est le chemin. Tel est l'amour de Dieu : il a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Et pourquoi ? Pour que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. C’est l'amour du Père qui veut que ses enfants soient avec lui.

Regarder le crucifié en silence, regarder ses plaies, regarder le cœur de Jésus, tout regarder : le Christ crucifié, le Fils de Dieu, anéanti, humilié... par amour. C'est le premier point que nous fait voir aujourd'hui ce traité de théologie qu’est le dialogue de Jésus avec Nicodème.

Le deuxième point nous aidera aussi : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Jésus aussi parlera de la lumière. Il y a des gens – nous aussi bien souvent – qui ne peuvent pas vivre dans la lumière parce qu'ils sont habitués à l'obscurité. La lumière les éblouit, ils sont incapables de voir. Ce sont des chauves-souris humaines qui ne savent se déplacer que la nuit. Et nous aussi, quand nous sommes dans le péché, nous sommes dans cet état : nous ne supportons pas la lumière. Il est plus confortable pour nous de vivre dans l'obscurité ; la lumière nous donne des gifles, nous fait voir ce que nous ne voulons pas voir. Mais le pire, c'est que les yeux, les yeux de l'âme de toutes ces personnes qui vivent dans l'obscurité, s'y habituent tellement qu'ils finissent par ne plus savoir ce qu'est la lumière. On perd le sens de la lumière parce que l’on s'habitue davantage à l'obscurité. Tant de scandales et tant de corruptions en sont la preuve. Les corrompus ne savent pas ce qu'est la lumière, ils ne savent pas. Nous aussi, quand nous sommes en état de péché, loin du Seigneur, nous devenons aveugles, nous préférons l'obscurité et nous avançons sans voir, comme les aveugles, en bougeant comme nous pouvons.

Que l'amour de Dieu, qui a envoyé Jésus pour nous sauver, entre en nous et que la lumière qui est venue dans le monde, la lumière de l'Esprit, entre en nous et nous aide à voir les choses avec la lumière de Dieu, avec la vraie lumière, et non avec les ténèbres que nous donne le maître des ténèbres.

Deux choses, donc, aujourd'hui : l'amour de Dieu, l’amour du Christ crucifié, chaque jour. Et la question que nous pouvons nous poser chaque jour également : est-ce que je marche dans la lumière ou dans l'obscurité ? Suis-je enfant de Dieu ou suis-je devenue une pauvre chauve-souris ?

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.