Homélie du pape François à Sainte Marthe � 7 avril 2020

Homélie du pape François à Sainte Marthe � 7 avril 2020

En ces jours de carême, nous avons médité la persécution dont Jésus a été victime et comment les docteurs de la loi se sont acharnés sur Lui, avec fureur, alors qu’il est innocent. Je voudrais prier aujourd'hui pour toutes les personnes qui, après avoir été persécutées, ont été jugées injustement.  

 

La prophétie d'Isaïe que nous avons entendue annonce le Messie, le Rédempteur, mais c’est aussi une prophétie sur le peuple d'Israël, sur le peuple de Dieu : on peut même dire qu'elle concerne chacun de nous. La prophétie souligne en substance que le Seigneur a choisi son serviteur dès le sein maternel : cela est répété deux fois. Son serviteur a été élu dès sa naissance ou avant sa naissance. Le peuple de Dieu a été élu avant sa naissance, et de même chacun d'entre nous. Aucun d'entre nous n'est venu au monde par hasard. Chacun a un destin, un destin libre, le destin du choix de Dieu. Mon destin est d'être enfant de Dieu, serviteur de Dieu, et mon rôle est de servir, de construire, de bâtir. Et ceci, depuis le sein maternel.

Le Serviteur de Yahvé, Jésus, a servi jusqu'à la mort : cela a ressemblé à une défaite, mais c'était le mode choisi pour servir. Et cela illustre notre manière de servir dans nos vies. Servir, c'est se donner, se donner aux autres. Servir ne signifie pas attendre pour nous-mêmes d'autres avantages que celui-là : servir. La gloire, c’est servir ; et la gloire du Christ est de servir jusqu'au bout de ses forces, jusqu'à la mort, la mort sur la Croix. Jésus est le serviteur d'Israël. Le peuple de Dieu est serviteur, et lorsqu’il s'éloigne de cette attitude de service, il devient un peuple apostat : il s'éloigne de la vocation que Dieu lui a donnée. Et quand chacun d'entre nous s'éloigne de cette vocation de service, il s'éloigne de l'amour de Dieu. Et il construit sa vie sur d'autres amours, si souvent idolâtres.

Le Seigneur nous a choisis dès le sein maternel. Il y aura, dans notre vie, des chutes : chacun de nous est un pécheur et peut tomber, et est tombé. Seuls Notre-Dame et Jésus ne sont pas tombés ; les autres nous sommes tous tombés, car nous sommes pécheurs. Mais ce qui compte, c'est mon attitude devant ce Dieu qui m'a choisi, qui m'a donné l’onction du serviteur ; ce qu’il faut c’est adopter l'attitude d'un pécheur capable de demander pardon, comme Pierre, qui a juré que "non, je ne te renierai jamais, Seigneur, jamais, jamais, jamais", mais qui, au chant du coq, pleure et se repent. C'est le chemin du serviteur : s’il glisse et s’il tombe, il demande pardon.

En revanche, si le serviteur n’est pas capable de comprendre qu'il est tombé, si la passion l’emporte au point de le conduire à l'idolâtrie, alors il ouvre son cœur à Satan et entre dans la nuit : c'est ce qui est arrivé à Judas.

Pensons aujourd'hui à Jésus, le serviteur, fidèle dans le service. Sa vocation est de servir, même jusqu'à la mort et la mort sur la croix. Pensons à chacun d'entre nous, qui faisons partie du peuple de Dieu : nous sommes des serviteurs, notre vocation consiste à servir, et non à profiter de notre place dans l'Église. Servir. Toujours.

Demandons la grâce de persévérer dans ce service. Parfois nous glisserons et nous tomberons, mais demandons au moins la grâce de pleurer comme Pierre a pleuré.

 

Prière pour la communion spirituelle :

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.