Homélie du pape François à Sainte Marthe � 3 avril 2020

Homélie du pape François à Sainte Marthe � 3 avril 2020

Il y a des gens qui, désormais, commencent à penser à l'après : l'après-pandémie. Tous les problèmes qui se présenteront : la pauvreté, le travail, la faim... Prions pour tous ceux qui aident les autres aujourd’hui tout en pensant aussi à demain, afin de nous aider tous.

 

Aujourd’hui, vendredi de la Passion, l'Église se souvient des souffrances de Marie. Notre-Dame des Douleurs : cela fait plusieurs siècles que le peuple de Dieu la vénère sous ce vocable. Des hymnes ont été écrites en l'honneur de Notre-Dame des Douleurs : Stabat Mater dolorosa juxta crucem lacrimosa. La piété chrétienne s’est emparée des douleurs de la Vierge et parle des "sept Douleurs". La première, 40 jours à peine après la naissance de Jésus, lorsque la prophétie de Siméon parle d'une épée qui lui transpercera le cœur (cf. Lc 2, 35). La deuxième Douleur évoque la fuite en Égypte pour sauver la vie du Fils (cf. Mt. 2, 13-23). La troisième Douleur, ces trois jours d'angoisse où l’Enfant est resté dans le temple (Cf. Lc. 2,41-50). La quatrième Douleur, lorsque la Vierge rencontre Jésus sur le chemin du Calvaire (cf. Jn 19, 25). La cinquième Douleur de Marie est la mort de Jésus, lorsqu’elle voit son Fils crucifié, nu, en train de mourir. La sixième Douleur est la descente de Jésus de la croix : il est mort, et elle le prend dans ses bras comme elle l'avait fait 30 ans plus tôt à Bethléem. La septième Douleur est l'enterrement de Jésus. C’est ainsi que la piété chrétienne parcourt ce chemin de Notre-Dame accompagnant Jésus. Cela me fait du bien, quand je prie l’Angélus à la fin de la journée, de méditer ces sept Douleurs en souvenir de Marie Mère de l'Église, qui nous a tous engendrés dans la douleur.

La Vierge n'a jamais rien demandé pour elle-même, jamais. Pour d'autres, oui : pensons à Cana, quand elle va parler à Jésus. Elle n'a jamais dit : "Je suis sa Mère, regardez-moi : je serai la Reine Mère". Elle n'a jamais dit cela. Elle n'a rien demandé d'important pour elle au Collège apostolique. Elle accepte d'être Mère. Elle a accompagné Jésus, elle a été son disciple, comme l'Évangile nous le montre : avec les saintes femmes, ses amies, elle a suivi Jésus, elle a écouté Jésus. Un jour quelqu'un l'a reconnue : "Ah, voilà sa mère" : Voilà que ta Mère est là, dehors... Elle suivait Jésus. Elle l’a suivi jusqu'au Calvaire. Et lorsqu’elle était là, debout ... les gens devaient dire : "Pauvre femme, ce qu’elle doit souffrir", pendant que les méchants, eux, devaient dire : "Mais, c’est aussi un peu de sa faute ; si elle l'avait bien éduqué, cela ne se serait pas terminé ainsi". Elle était là, avec le Fils, partageant l'humiliation du Fils.

Honorer Notre Dame pour dire : "C'est elle ma Mère", parce qu'elle est Mère. C'est le titre qu'elle a reçu de Jésus, là justement, au pied de la Croix. Ce sont tes enfants, tu es leur Mère. Jésus ne l'a pas nommée Premier ministre, il ne l’a nommée à aucune "fonction". Il l’a simplement nommée "Mère". Les Actes des Apôtres nous la montrent ensuite en prière avec les Apôtres, comme une Mère (cf. Actes 1, 14). La Vierge n'a voulu enlever aucun titre à Jésus : elle a reçu le don d'être sa Mère et le devoir de nous accompagner en tant que Mère, d'être notre Mère. Elle n'a pas demandé à être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice : non. Il n’y a qu’un Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas. Elle est seulement disciple et Mère. Et c’est donc en tant que Mère que nous devons penser à elle, la chercher, la prier. Elle est la Mère. Dans l'église, elle Mère. La maternité de la Vierge est un reflet de la maternité de l'Église qui reçoit tout le monde, bons et méchants : tous.

Aujourd'hui, cela nous du bien de nous arrêter un peu pour méditer sur la douleur et sur les Douleurs de la Vierge. Elle est notre Mère. Quel exemple que sa force, avec des larmes, pas des fausses larmes, et avec un cœur détruit par la douleur. Cela nous du bien de nous arrêter un peu pour dire à la Vierge : “Merci d'avoir accepté d'être Mère quand l'Ange te l'a demandé, et merci d'avoir accepté d'être Mère quand Jésus te l'a dit”.

Prière pour la communion spirituelle :

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.