Homélie du pape François à Sainte Marthe � 27 mars 2020

Homélie du pape François à Sainte Marthe � 27 mars 2020

Ces jours-ci, on a appris que beaucoup de gens commencent à s’occuper des autres de manière plus générale, ils pensent aux familles qui n'ont pas assez pour vivre, aux personnes âgées seules, aux malades hospitalisés : ils prient et essaient de leur apporter un peu d'aide... C'est un bon signe. Remercions le Seigneur d'avoir éveillé ces sentiments dans le cœur de ses fidèles.

 

La première lecture est presque une chronique anticipée de ce qui arrivera à Jésus. C'est une chronique en avance, une prophétie. On dirait une description historique de ce qui va se passer. Que disent les impies ? Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ; car il mène une vie en dehors du commun, sa conduite est étrange. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires.

Réfléchissons à ce qu'ils ont dit à Jésus sur la Croix : Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ! Et puis, le plan d'action : Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. C'est une prophétie, précisément, de ce qui s'est passé, car les Juifs essayaient de le tuer, dit l'Évangile, et ils ont également essayé de l'arrêter mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue.

Cette prophétie est vraiment détaillée ; le plan d'action de ces méchants est précis : ne lui épargnons rien, mettons-le à l’épreuve, avec violences et outrages, et testons son esprit d'endurance ... tendons-lui des pièges, pour voir s'il y tombe ... Ce n'est pas de la simple haine, ou le plan d'un parti contre un autre : c'est autre chose. C'est ce qu'on appelle de l'acharnement : c’est le diable qui est derrière, toujours, dès qu’il y a acharnement : il essaie de détruire sans économie de moyens. Pensons au début du Livre de Job, qui est prophétique sur ce sujet : Dieu est satisfait de Job et de sa vie, et le diable lui dit : « Bien sûr, il ne manque de rien, il ne sait pas ce que sont les épreuves… Mets-le à l'épreuve ! » Le diable lui enlève d’abord ses biens, puis il lui enlève la santé, mais Job ne s'est jamais, jamais éloigné de Dieu. Le diable s’acharne, toujours. Derrière chaque acharnement, il y a le diable, qui veut détruire l'œuvre de Dieu. S’il y a une dispute ou une rancœur, il se peut que ce soit le diable, mais de loin : ce sont des tentations normales. Mais quand il y a de l’acharnement, n’en doutez pas : c’est le diable. Un acharnement subtil. Pensez à son acharnement contre Jésus, ou lors des persécutions contre les chrétiens : comment il a cherché les moyens les plus sophistiqués pour les conduire à l'apostasie, pour les éloigner de Dieu. On le dit dans le langage habituel “c'est diabolique“ ; oui, une intelligence diabolique.

Des évêques originaires de l'un des pays qui ont souffert de la dictature d'un régime athée m'ont raconté que dans ce domaine de la persécution, ils faisaient ce genre de choses : le lundi de Pâques, les enseignants devaient demander aux enfants : "Qu'avez-vous mangé hier ?", et les enfants disaient ce qu'il y avait eu pour le déjeuner. Et ceux qui répondaient : "des œufs" étaient persécutés pour savoir s'ils étaient chrétiens parce que dans ce pays on mangeait des œufs le dimanche de Pâques. Voilà jusqu’où ils allaient pour espionner, pour découvrir les chrétiens et les tuer. C'est un acharnement dans la persécution, et c'est le diable.

Et que faire face à l’acharnement ? On ne peut faire que deux choses, car discuter avec ces gens, ce n'est pas possible parce qu'ils ont leurs propres idées, des idées fixes, des idées que le diable a semées dans leur cœur. Nous avons compris leur manière d’agir. Que peut-on faire alors ? Ce que Jésus a fait : se taire. Il est frappant de lire, dans l'Évangile, que face à toutes ces accusations, Jésus se taisait. Face à l’acharnement : le silence, et ne jamais se justifier. Jamais. Jésus a parlé, il a expliqué, et quand Il a compris que les mots ne suffisaient plus, il s’est tu. Et Jésus a vécu sa passion en silence. C'est le silence des justes face à l’acharnement. Et cela vaut aussi pour les petits acharnements quotidiens, quand l'un de nous entend que l’on parle mal de lui, qu’il répond mais cela ne sert à rien… : se taire. Le silence. Supporter et tolérer le commérage, qui est aussi un harcèlement, un harcèlement social : en société, dans le quartier, sur le lieu de travail. Ce n’est pas un acharnement trop fort, mais c’est de l’acharnement dans le but de détruire l'autre parce qu’il nous dérange, il nous gêne.

Demandons au Seigneur la grâce de lutter contre le mauvais esprit, de savoir discuter quand il le faut, mais face à l’acharnement, d’avoir le courage de se taire et de laisser les autres parler. De même face à ce petit acharnement quotidien qu'est le commérage : laissez-les parler. Et vous, restez en silence, face à Dieu.

 

Prière pour la communion spirituelle :

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme Tu es déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.