Homélie du pape François à Sainte Marthe � 20 mars 2020
Hier, j'ai reçu un message d'un prêtre de la région de Bergame me demandant de prier pour les médecins, qui sont épuisés ; ils donnent leur vie pour aider les malades, pour sauver la vie des autres. Prions aussi pour les autorités car la situation n'est pas facile à gérer en ce moment et ils souffrent souvent de malentendus. Qu'ils soient médecins, personnel hospitalier, bénévoles ou autorités, ils sont actuellement les piliers qui nous aident à avancer et à nous défendre dans cette crise. Prions pour eux.
Lorsque je lis ce passage du prophète Osée que nous avons entendu dans la première lecture (cf. 14, 2-10), qui dit : "Reviens, Israël, au Seigneur ton Dieu" (v. 2), je me souviens d'une chanson que l’on écoutait avec tant de plaisir dans les familles italiennes à Buenos Aires : « Torna dal tuo papà. La ninna nanna ancora ti canterà », reviens vers ton père, il te chantera encore une berceuse.
"Reviens" : c'est ton père qui te dit de revenir : Dieu est ton père, et non un juge, il est ton père. "Reviens, rentre à la maison". Et ce souvenir – j'étais un petit garçon – m'amène immédiatement au père du chapitre 15 de saint Luc, à ce père qui aperçut de loin ce fils qui était parti avec tout l'argent et avait tout dépensé. S’il l'a vu de loin, c'est parce qu'il l'attendait. Il grimpait sur la terrasse – combien de fois par jour ! –pendant des jours, des mois, des années peut-être, pour attendre son fils. Il l’aperçut de loin. Reviens ton père, reviens vers ton père. Il t’attend. C'est la tendresse de Dieu qui nous parle, surtout pendant le Carême, un bon moment pour entrer en nous-mêmes et nous souvenir du Père, pour revenir vers notre Père.
"Mais, mon Père, j'ai honte de revenir parce que... vous savez, j'en ai fait de belles...". C’est ce que nous disons, mais que dit le Seigneur ? : Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai d’un amour gratuit, car ma colère s’est détournée d’Israël. Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lis, il étendra ses racines comme les arbres du Liban. (cf. Os 14, 5-6). Reviens chez ton père qui t'attend. Le Dieu de la tendresse nous guérira, il nous guérira de beaucoup, beaucoup de blessures de la vie et de beaucoup de choses laides que nous avons faites. Chacun a les siennes !
Pensons à revenir à Dieu, pour recevoir une accolade, l’accolade du Père. Et pensons à cette autre promesse faite par Isaïe : Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. (cf. 1, 18). Il est capable de nous transformer, il est capable de changer nos cœurs, mais il faut faire le premier pas : revenir. Il ne s’agit pas d’aller vers Dieu, non : il s’agit de revenir à la maison.
Le Carême est toujours centré sur cette conversion du cœur qui, dans l’usage chrétien, se concrétise dans le sacrement de la Confession. C’est le moment de... – je n’ai pas envie de dire “de faire les comptes”, cela ne me plaît pas – de laisser Dieu nous "blanchir", pour qu'il nous purifie et nous embrasse.
Il serait bon que ce "reviens" résonne aujourd'hui à nos oreilles, "reviens vers ton Père, reviens vers ton Père". Il vous attend et il va vous fêter.