Homélie du pape François à Sainte-Marthe � Dimanche 15 mars 2020

Homélie du pape François à Sainte-Marthe � Dimanche 15 mars 2020

Ce dimanche de Carême, prions tous ensemble pour les malades et les personnes qui souffrent. Aujourd'hui, je voudrais prier spécialement avec vous tous pour les personnes qui, par leur travail, assurent le bon fonctionnement de la société : ceux qui travaillent dans les pharmacies, les supermarchés, les transports, la police. Prions pour tous ceux qui travaillent afin qu'en ce moment la vie sociale, la vie de la ville, puisse continuer.

L'Évangile nous rapporte un dialogue, un dialogue historique – ce n'est pas une parabole, il a vraiment eu lieu –'une rencontre entre Jésus et une femme, une pécheresse.

C'est la première fois dans l'Évangile que Jésus révèle son identité. Il la révèle à une pécheresse qui a eu le courage de lui dire la vérité : « Ceux que j'avais n'étaient pas mes maris » (cf. vv. 16-18). Et puis, avec ce même constat, elle va annoncer Jésus : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? (v. 29).

Elle n’a pas utilisé des arguments théologiques comme ceux qu’elle avait utilisés avec Jésus : Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem (v. 20) ; elle argumente avec sa vérité. Et sa vérité est ce qui la sanctifie, la justifie. Le Seigneur utilise sa vérité pour annoncer l'Évangile.  Et nous-mêmes nous ne pouvons pas être disciples de Jésus sans notre propre vérité, sans reconnaître ce que nous sommes. Nous ne pouvons pas être disciples de Jésus uniquement avec des arguments : « Sur cette montagne, sur telle autre... ».

Cette femme a eu le courage de dialoguer avec Jésus, car ces deux peuples, les juifs et les samaritains ne dialoguaient pas entre eux (cf. v. 9) ; elle a eu le courage de s'intéresser à la proposition de Jésus, à cette eau du puits, parce qu'elle savait qu'il avait soif. Elle a eu le courage de confesser ses faiblesses, ses péchés ; elle a même eu le courage d'utiliser sa propre histoire comme garantie de sa condition de prophète : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? (v. 29).

Le Seigneur veut toujours un dialogue transparent, sans dissimulation, sans double intention : "voilà ce que je suis". Et c’est comme cela que je dois parler au Seigneur, avec ma vérité. Et à partir de ma vérité, grâce à la puissance du Saint-Esprit, je trouverai la vérité : le Seigneur est le Sauveur, il est venu pour me sauver et nous sauver.

Ce dialogue très transparent entre Jésus et la femme se termine par la confession de la réalité messianique de Jésus, et par la conversion des habitants de Samarie, de ces champs que le Seigneur a vus dorés pour la moisson (cf. v. 35).

Que le Seigneur nous donne la grâce de prier toujours avec la vérité, de nous adresser au Seigneur avec notre propre vérité, et non pas avec celle des autres, ni avec des vérités camouflées par des arguments : « c’est vrai, j'ai eu cinq maris, c'est ma vérité » (cf. vv. 17-18).