Angélus du 1 novembre 2020
Chers frères et sœurs, bonjour !
En cette fête solennelle de la Toussaint, l'Église nous invite à réfléchir à la grande espérance qui provient de la Résurrection du Christ : le Christ est ressuscité et nous aussi nous ressusciterons avec lui. Les Saints et les Bienheureux sont les témoins les plus autorisés de l'espérance chrétienne, parce qu'ils l'ont vécue en plénitude dans leur vie, au milieu des joies et des souffrances, mettant en pratique les Béatitudes que Jésus a prêchées et qui résonnent aujourd'hui dans la Liturgie. Les Béatitudes de l'Évangile sont, de fait, le chemin de la sainteté. Je voudrais m’arrêter maintenant sur à deux de ces béatitudes, la deuxième et la troisième.
La deuxième dit : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Ces mots semblent contradictoires, car pleurer n'est pas un signe de joie et de bonheur. On pleure et on souffre face à la mort, à la maladie, aux adversités morales, au péché et aux erreurs : tout simplement face à la vie quotidienne, fragile, faible et marquée par les difficultés. Une vie parfois blessée et éprouvée par l'ingratitude et les malentendus. Jésus proclame bienheureux ceux qui pleurent à cause de ces réalités tout en faisant confiance au Seigneur et en se plaçant sous son ombre. Ce n’est pas de l’indifférence ni de l’endurcissement du cœur face à la douleur : ils espèrent patiemment la consolation de Dieu. Et ils en font l’expérience dans cette vie.
Dans la troisième béatitude, Jésus dit : Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. La douceur ! La douceur est une caractéristique de Jésus, qui dit de lui-même : devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur. Les doux sont ceux qui savent se contrôler, faire de la place à l'autre, l'écouter et le respecter dans son mode de vie, dans ses besoins et dans ses exigences. Ils ne veulent ni l'accabler ni le rabaisser, ils ne veulent pas tout dominer, ni imposer leurs propres idées et intérêts au détriment des autres. Ces personnes, que la mentalité mondaine n'apprécie pas, sont au contraire précieuses aux yeux de Dieu, et il leur donne la terre promise, c'est-à-dire la vie éternelle. Cette béatitude aussi commence ici-bas et s'accomplira pleinement au ciel, dans le Christ. La douceur…Dans le monde, en ce moment, il y a tant d'agressivité... ; comme dans la vie quotidienne, où notre premier réflexe est souvent l'agression, la défense... Nous avons besoin de douceur pour avancer sur le chemin de la sainteté. Écouter, respecter, ne pas agresser : de la douceur.
Chers frères et sœurs, choisissez la pureté, la douceur et la miséricorde ; choisissez de vous en remettre au Seigneur dans la pauvreté d'esprit et la souffrance ; travaillez pour la justice et la paix. Tout cela signifie aller à contre-courant par rapport à la mentalité dominante de ce monde, à la culture du bien-être, des loisirs débridés, de l'arrogance envers les plus faibles. Cette voie évangélique a été suivie par les Saints et les Bienheureux. La solennité d'aujourd'hui, qui célèbre Tous les Saints, nous rappelle la vocation personnelle et universelle à la sainteté, et nous propose des modèles sûrs de ce chemin, que chacun parcourt de manière unique et personnelle. Il suffit de penser à l'inépuisable variété des dons et des vies des différents saintes et saints : ils ne sont pas identiques, chacun a sa propre personnalité et a recherché la sainteté dans sa vie en fonction de sa propre personnalité. Chacun d'entre nous peut le faire, suivre leur exemple. Douceur, douceur s'il vous plaît et nous irons vers la sainteté.
Cette immense famille des fidèles disciples du Christ a une Mère, la Vierge Marie. Nous la vénérons comme Reine de tous les Saints, mais elle est surtout une Mère qui apprend à chacun à accueillir et à suivre son Fils. Qu'elle nous aide à entretenir le désir de la sainteté en parcourant le chemin des Béatitudes.