C’est aujourd'hui la Journée mondiale de la famille : prions pour les familles, afin que l'Esprit du Seigneur, l'esprit d'amour, de respect et de liberté, puisse grandir dans les familles.

 

Dans les Actes des Apôtres, l’on voit qu’il y avait au début de l'Église des temps de paix, comme cela est dit tant de fois : L’Église était en paix …elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur. Il y a eu aussi des temps de persécution, en commençant par la persécution d'Étienne, puis celle de Paul le persécuteur converti, persécuté à son tour... Des temps de paix, des temps de persécution, et aussi des temps troublés. C'est le sujet de la première lecture d'aujourd'hui. Une période de bouleversements : certains des nôtres, comme nous l’avons appris, sont allés, sans aucun mandat de notre part, tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi.

Que s'est-il passé ? Ces chrétiens, d’anciens païens, avaient cru en Jésus-Christ et reçu le baptême, et ils étaient heureux : ils avaient reçu le Saint-Esprit. Ils étaient passés du paganisme au christianisme sans aucune étape intermédiaire. Ceux que l'on appelle "les Judaïsants" affirmaient, quant à eux, que cela n’était pas possible : si l'on était païen, il fallait d'abord devenir juif, un bon juif, puis devenir chrétien, pour rester dans la ligne de l'élection du peuple de Dieu. Et ces nouveaux chrétiens ne le comprenaient pas : "Mais sommes-nous des chrétiens de seconde zone ? Ne peut-on pas passer directement du paganisme au christianisme ? La Résurrection du Christ n’a-t-elle pas aboli l'ancienne loi pour la mener à une plénitude encore plus grande ?". Ils étaient troublés et il y a eu de nombreuses discussions entre eux. Et les tenants de cette doctrine soutenaient, avec des arguments pastoraux, théologiques, et même une certaine morale, que non, on ne devait pas passer comme cela du paganisme au christianisme ! Et cela remettait en question la liberté du Saint-Esprit, voire la gratuité de la Résurrection et de la grâce du Christ. Ils étaient méthodiques, voire rigides.

Jésus avait dit, d’eux-mêmes et de leurs maîtres, les docteurs de la Loi : Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand c’est arrivé, vous faites de lui un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous ! Ces gens étaient "idéologiques" – plus que "dogmatiques", ils étaient "idéologiques" – :ils avaient transformé la Loi et le dogme en idéologie : "vous devez faire ceci, et ceci, et cela" . Une religion faites de prescriptions, enlève la liberté de l'Esprit. Et ceux qui les suivaient étaient rigides eux aussi, ils ne se sentaient pas à l'aise, ils ne connaissaient pas la joie de l'Évangile. Pour eux, la manière de suivre Jésus était la rigidité : "Il faut faire ceci, et cela, et ceci, et cela...". Ces docteurs de la Loi "manipulaient" les consciences des fidèles : soit ils devenaient rigides comme eux, soit ils partaient....

C'est pourquoi, je me répète souvent, je dis que la rigidité n'est pas du bon Esprit, car elle remet en cause la gratuité de la Rédemption, la gratuité de la Résurrection du Christ. Et c'est une chose ancienne : dans l'histoire de l'Église, cela s'est répété. Pensons aux Pélagiens, ces... ces célèbres rigides. Et aussi à notre époque, nous avons vu des organisations apostoliques qui semblaient vraiment bien organisées, qui fonctionnaient bien... mais toutes rigides, toutes égales les unes aux autres, et puis nous avons appris la corruption qui venait de l'intérieur, même chez les fondateurs.

Là où il y a de la rigidité, il n'y a pas l'Esprit de Dieu, car l'Esprit de Dieu est la liberté. Et ces gens voulaient enlever petit à petit la liberté de l'Esprit de Dieu et la gratuité de la Rédemption : "Pour être justifié, il faut faire ceci, et cela, et ceci, et cela...". La justification est gratuite. La mort et la résurrection du Christ sont gratuites. On ne la paie pas, on ne l'achète pas : c'est un cadeau ! Et ils ne voulaient pas faire ça.

La manière de sortir de cette impasse a été belle : les apôtres se sont réunis en concile et ont écrit une lettre qui commence avec ces mots : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent et ils précisent quelques obligations plus morales et de bon sens : ne pas confondre le christianisme avec le paganisme, s’abstenir de la chair offerte aux idoles, etc. Et en recevant cette lettre : à sa lecture, tous se réjouirent du réconfort qu’elle apportait. Du trouble à la joie. Un esprit rigide trouble toujours : "J'ai bien agi ? Je n’ai pas bien agi ? : le scrupule. Alors que l'esprit de liberté évangélique conduit à la joie, car c'est précisément ce que Jésus a fait avec sa Résurrection : il a apporté la joie ! Les relations avec Dieu, avec Jésus ne consiste pas à "faire des choses" : "Je fais ceci et tu me donnes cela". Je dis qu’une relation de ce genre – pardon Seigneur – est une relation commerciale, et cela ne va pas ! La relation avec Dieu est libre, comme celle de Jésus avec les disciples : Vous êtes mes amis. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis. C'est la gratuité.

Demandons au Seigneur de nous aider à discerner les fruits de la gratuité évangélique des fruits de la rigidité non-évangélique, et de nous libérer de tout trouble provoqué par ceux qui mettent la foi, la vie de foi, au rang des prescriptions de la casuistique, des prescriptions qui n'ont aucun sens. Je veux parler de prescriptions qui n'ont aucun sens, pas des Commandements. Que le Seigneur nous libère de cet esprit de rigidité qui nous prive de notre liberté.

 

Communion spirituelle

Je me prosterne à tes pieds, ô mon Jésus, et je t'offre le repentir de mon cœur contrit qui s’abaisse dans son néant et en ta sainte présence. Je T’adore dans le sacrement de ton Amour. Je désire te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur. Dans l'attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux Te posséder en Esprit. Viens à moi, ô mon Jésus, et que je vienne à Toi. Que ton amour enflamme tout mon être, pendant ma vie et au moment de la mort. Je crois en Toi, j'espère en Toi, je T'aime. Amen.