Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 14 mai 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 14 mai 2020

Le Haut Comité pour la fraternité humaine a organisé aujourd'hui une journée de prière et de jeûne pour demander à Dieu miséricorde et pitié en ce moment tragique de pandémie. Nous sommes tous frères. Saint François d'Assise le disait : Tous frères. C'est pourquoi, hommes et femmes de toute confession religieuse, nous nous unissons aujourd'hui dans la prière et dans la pénitence, pour demander la grâce de la guérison de cette pandémie.

 

Dans la première lecture, nous avons entendu l'histoire de Jonas, dans le style de l'époque. Comme il y avait "une certaine pandémie", nous ne savons pas bien laquelle, dans la ville de Ninive, peut-être une "pandémie morale", la ville allait vraiment être détruite. Et Dieu envoie Jonas prêcher : prière et pénitence, prière et jeûne. Face à cette pandémie, Jonas prit peur et s'enfuit. Le Seigneur l'appela alors une deuxième fois et il accepta d'aller prêcher. Et aujourd'hui nous tous, frères et sœurs de chaque tradition religieuse, nous prions : une journée de prière et de jeûne, de pénitence, organisée par le Haut Comité pour la fraternité humaine. Chacun de nous prie, les communautés prient, les confessions religieuses prient, elles prient Dieu : tous frères, unis dans la fraternité qui nous rassemble en ces moments de douleur et de tragédie.

Nous ne nous attendions pas à cette pandémie, elle est venue sans que nous nous y attendions, mais à présent elle est là. Et beaucoup de gens meurent. Beaucoup de gens meurent seuls et beaucoup de gens meurent sans pouvoir rien faire. On peut parfois penser : "Cela ne m’a pas affecté, grâce à Dieu je m’en suis sorti". Mais pense aux autres ! Pense à la tragédie et aussi aux conséquences économiques, aux conséquences sur l'éducation, et à tout ce qui arrivera après.

C'est pourquoi aujourd'hui, nous tous, frères et sœurs, de chaque confession religieuse, nous prions Dieu. Quelqu'un me dira peut-être : "C'est du relativisme religieux, on ne peut pas faire ça". Mais alors on ne peut pas prier le Père commun ? Chacun prie comme il sait le faire, comme il peut, comme il l'a appris dans sa propre culture. Nous ne prions pas l'un contre l'autre, une tradition religieuse contre une autre, non ! Nous sommes tous unis en tant qu'êtres humains, comme frères, en priant Dieu, selon sa propre culture, selon sa propre tradition, selon ses propres croyances, mais en tant que frères et en priant Dieu, et c'est ça qui est important ! Frères, nous jeûnons, nous demandons pardon à Dieu pour nos péchés, pour que le Seigneur ait miséricorde de nous, pour que le Seigneur nous pardonne, pour que le Seigneur arrête cette pandémie. C'est aujourd'hui un jour de fraternité, les yeux tournés vers le Père unique : fraternité et paternité. Un jour de prière.

L'année dernière, et même en novembre de l'année dernière, nous ne savions pas ce qu'était une pandémie : elle est venue comme un déluge, d'un coup. À présent nous nous réveillons un peu. Mais il y a tant d'autres pandémies qui font mourir les gens et nous ne nous en rendons pas compte, nous regardons de l'autre côté. Nous sommes un peu inconscients face aux tragédies qui, en ce moment, ont lieu dans le monde. Je voudrais seulement vous donner les statistiques officielles des quatre premiers mois de cette année, qui ne parlent pas de la pandémie du coronavirus, mais d'une autre pandémie. Pendant les quatre premiers mois de cette année, 3 millions 700 mille personnes sont mortes de faim. Il y a la pandémie de la faim. En quatre mois, presque 4 millions de personnes. La prière d’aujourd'hui, pour demander au Seigneur d’arrêter cette pandémie, doit nous faire réfléchir aux autres pandémies dans le monde. Il y en a tant ! La pandémie des guerres, de la faim et tant d'autres. Mais l'important est qu'aujourd'hui – ensemble et grâce au courage qu'a eu ce Haut Comité pour la fraternité humaine – ensemble nous avons été invités à prier chacun selon sa propre tradition et à faire une journée de pénitence, de jeûne et aussi de charité, d'aide aux autres. Cela est important. Dans le livre de Jonas, nous avons lu que le Seigneur, quand il vit comment avait réagi le peuple – qui s'était converti – s'arrêta, mit un terme à ce qu'Il voulait faire.

Que Dieu arrête cette tragédie, qu'il arrête cette pandémie. Que Dieu ait pitié de nous et qu'il arrête aussi les autres pandémies, si terribles : celle de la faim, celle de la guerre, celle des enfants sans instruction. Et nous demandons cela comme des frères, tous ensemble. Que Dieu nous bénisse tous et ait pitié de nous.

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme si Tu étais déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.