Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 9 mai 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 9 mai 2020

Aujourd'hui, l’Église commémore Sainte Louise de Marillac [c’est habituellement le 15 mars mais cette année sa fête tombait en carême, et elle a donc été déplacée à aujourd'hui] : nous prions pour les Filles de la Charité qui travaillent ici, à Santa Marta, et dans un hôpital ici à Rome. Que le Seigneur bénisse les Sœurs.

 

Nous avons récité dans le Psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire. Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. C'est vrai. Le Seigneur a fait des merveilles. Mais combien d'efforts. Quels efforts des communautés chrétiennes poure poursuivre dans le temps ces merveilles du Seigneur.

Nous avons entendu mentionner, dans le passage des Actes, la joie de toute la ville d'Antioche rassemblée pour entendre la parole du Seigneur :  Paul et les Apôtres ont prêché avec force, et l'Esprit les a aidés. Mais quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. D'une part, il y a le Seigneur, il y a l'Esprit Saint qui fait grandir l'Église, qui se développe toujours plus : c'est vrai. Mais d'un autre côté, il y a le mauvais esprit qui cherche à détruire l'Église. C'est toujours comme ça. C'est toujours comme ça. On va de l’avant, mais l'ennemi essaie de détruire. Le bilan est toujours positif à long terme, mais combien d'efforts, combien de douleurs, combien de martyrs ! C’est arrivé ici, à Antioche, et cela arrive partout dans le livre des Actes des Apôtres. Pensons, par exemple, à Lystres : à leur arrivée ils ont guéri un paralytique, tout le monde croyait qu'ils étaient des dieux, voulait faire leur offrir des sacrifices, et tout le peuple était avec. Puis d’autres sont venus et les ont convaincus du contraire. Et comment Paul et son compagnon ont-ils fini ? : lapidés…  Toujours cette lutte. Pensons au mage Élymas, qui cherchait à détourner le proconsul de la foi ; pensons aux maîtres de cette jeune servante diseuse qui était possédée par un esprit de divination ; elle rapportait de gros bénéfices à ses maîtres par ses oracles. Et lorsque Paul et les apôtres l’ont libérée, ce fut immédiatement la révolution contre eux. Pensons aux artisans de la déesse Artémis à Ephèse qui ont perdu des clients puisqu'ils ne pouvaient pas vendre leurs statuettes, car les gens s'étaient convertis et n’en achetaient plus. Et il y a eu d’autres cas. D'une part, la Parole de Dieu rassemble, grandit, et d'autre part la persécution, une grosse persécution qui finit par les chasser en les battant...

Et quel est l'instrument du diable pour détruire l'annonce de l'Évangile ? La jalousie. Le Livre de la Sagesse le dit clairement C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde. Ce sentiment amer, très amer. Ces gens ont vu comment l'Évangile était prêché et ils se mettent en colère, ils sont rongés par la rage. Et cette rage les pousse au mal : c'est la colère du diable, c'est la colère qui détruit, la colère exprimée dans ce crucifie-le, crucifie-le  ! lors du supplice de Jésus. Le diable veut détruire. Toujours. Toujours.

Face à cette lutte, on pense à cette belle phrase de saint Augustin : « L'Église avance au milieu des persécutions des hommes et des consolations de Dieu » (cf. Saint Augustin, De Civitate Dei, XVIII, 51, 2) et cela est valable pour nous également. Une Église qui n'a pas de difficultés manque de quelque chose. Cela veut dire que le diable est trop calme. Et si le diable est calme, les choses ne vont pas. Il y aura toujours des difficultés, des tentations, des luttes... des jalousies qui détruisent. Le Saint-Esprit construit l'harmonie de l'Église, et le mauvais esprit détruit. Jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à aujourd'hui. Toujours cette lutte. Un instrument de cette jalousie, de cette envie, sont les pouvoirs temporels. Il est dit ici que les Juifs provoquèrent l’agitation parmi les femmes de qualité adorant Dieu, et allèrent trouver les notables pour leur dire : "Ce sont des révolutionnaires, chassez-les" ; ce qu’ils firent. D’un côté des femmes de qualité, de la noblesse et de l’autre les notables de la ville, avec un pouvoir temporel. Le pouvoir temporel peut être bon, les notables peuvent être bons mais le pouvoir en tant que tel est toujours dangereux. Le pouvoir du monde contre le pouvoir de Dieu, tel est le moteur de tout cela, et derrière ce pouvoir, il y a toujours l'argent.

Ce qui se passe dans cette Église primitive – l'œuvre de l'Esprit qui construit l'Église dans l’harmonie, et l'œuvre du mauvais esprit qui la détruit, ainsi que ce recours aux pouvoirs temporels pour arrêter l'Église et la détruire – n'est que le prolongement de ce qui se passe le matin de la Résurrection. Les soldats, en voyant ce triomphe, sont allés voir les prêtres et ont acheté la vérité... et les prêtres. Et la vérité a été "réduite au silence". Dès le premier matin de la Résurrection et du triomphe du Christ, il y a cette trahison  pour “faire taire” la parole du Christ, "réduire au silence" le triomphe de la Résurrection par le biais du pouvoir temporel : les grands prêtres et l'argent.

Faisons attention, faisons attention avec l’annonce de l'Évangile : ne mettons jamais notre confiance dans les pouvoirs temporels et dans l'argent. La confiance des chrétiens s’appelle Jésus-Christ et s’appelle le Saint-Esprit qu'Il a envoyé, et c'est précisément le Saint-Esprit qui est le levain, la force qui fait grandir l'Église. Oui, l'Église avance, dans la paix, avec résignation, dans la joie « au milieu des persécutions des hommes et des consolations de Dieu ».

 

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme si Tu étais déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.