Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 6 mai 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 6 mai 2020

Prions aujourd'hui pour les hommes et les femmes qui travaillent dans les médias. En cette période de pandémie, ils risquent beaucoup et le travail est énorme. Que le Seigneur les aide dans ce travail de transmission, toujours, de la vérité.

 

Le passage de l'Évangile de Jean que nous avons lu nous montre l'intimité entre Jésus et le Père. Jésus a fait ce que le Père lui a dit de faire. C’est pourquoi il dit : Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en Celui qui m’a envoyé. Puis il précise sa mission : je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Il se présente comme une lumière. La mission de Jésus est d'illuminer. Il a lui-même dit : Je suis la lumière du monde. Le prophète Isaïe avait prophétisé cette lumière : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. La promesse de la lumière qui illuminera le peuple. La mission des apôtres est aussi d'apporter la lumière, comme Paul l’a expliqué au roi Agrippa en affirmant avoir été choisi pour leur ouvrir les yeux, pour les ramener des ténèbres vers la lumière. C'est la mission de Jésus : apporter la lumière. Et la mission des apôtres est d'apporter la lumière de Jésus. Pour éclairer. Parce que le monde était dans l'obscurité.

Mais le drame de la lumière de Jésus est qu'elle a été rejetée. Déjà au début de l'Évangile, Jean le dit clairement : Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde … mais le monde ne l’a pas reconnu… les siens ne l’ont pas reçu (…) les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière. Ils se sont habitués à l'obscurité, à vivre dans l'obscurité : ils ne peuvent pas accepter la lumière, ils ne peuvent pas ; ils sont esclaves de l'obscurité. Et ce sera le combat de Jésus, poursuit-il : éclairer, apporter la lumière qui nous fait voir les choses telles qu'elles sont, telles qu'elles sont ; elle nous fait voir la liberté, elle nous fait voir la vérité, elle nous fait voir le chemin à suivre, avec la lumière de Jésus.

Paul a fait cette expérience du passage des ténèbres à la lumière, lorsque le Seigneur l'a rencontré sur la route de Damas. Il était aveugle. La lumière du Seigneur l'a aveuglé. Et puis, quelques jours plus tard, par le baptême, il a reçu à nouveau la lumière. Il a fait cette expérience du passage de l'obscurité dans laquelle il se trouvait, vers la lumière. C'est aussi notre passage, que nous avons reçu sacramentellement au Baptême : c'est pourquoi le Baptême était appelé, aux premiers siècles “Illumination”, parce qu'il vous donnait la lumière, il vous "faisait entrer". C'est pourquoi, lors de la cérémonie du Baptême, nous donnons une bougie allumée, au père et à la mère, car l’enfant est illuminé.

Jésus apporte la lumière. Mais le peuple, le peuple, son peuple, l'a rejeté. Il est tellement habitué aux ténèbres que la lumière l'éblouit, il ne peut plus avancer.... Et c'est là le drame de notre péché : le péché nous aveugle et nous ne pouvons supporter la lumière. Nos yeux sont malades. Et Jésus le dit clairement, dans l'Évangile de Matthieu :  La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière   mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, comme elles seront grandes, les ténèbres ! Et la conversion consiste à passer de l'obscurité à la lumière.

Quelles sont les choses qui rendent malades les yeux, les yeux de la foi ? Nos yeux sont malades mais quelles sont les choses qui les tirent vers le bas, qui les rendent aveugles ? Les vices, l'esprit du monde, l’orgueil. Les vices te tirent vers le bas, et ces trois réalités – les vices, l'orgueil, l'esprit du monde – te poussent à socialiser avec les autres ne pas avoir peur de l'obscurité. Nous parlons souvent des mafias, c'est de cela qu'il s'agit. Car il existe des "mafias spirituelles", des "mafias domestiques", toujours à la recherche de quelqu'un d'autre pour se donner bonne conscience et rester dans l'obscurité. Ce n'est pas facile de vivre dans la lumière. La lumière nous fait voir tellement de choses laides en nous que nous ne voulons pas voir : les vices, les péchés... Pensons à nos vices, pensons à notre orgueil, pensons à notre esprit du monde : à ce qui nous aveugle et nous éloigne de la lumière de Jésus.

Si nous réfléchissons à tout cela, nous ne trouverons pas un mur, non, nous trouverons une porte de sortie, car Jésus lui-même dit qu'il est la lumière, et il dit aussi : Moi qui suis la lumière (…) je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Jésus lui-même, qui est la lumière, dit : "Sois courageux : laisse-toi éclairer, laisse-toi examiner pour voir ce que tu as à l'intérieur, car c'est moi qui te fais avancer, qui te sauve. Je ne te condamne pas. Je te sauve". Le Seigneur nous sauve de l'obscurité que nous avons en nous, de l'obscurité de la vie quotidienne, de la vie sociale, de la vie politique, de la vie nationale et internationale... Il y a tant d'obscurité en nous. Et le Seigneur nous sauve. Mais il nous demande d'abord de regarder, d'avoir le courage de voir nos ténèbres afin que la lumière du Seigneur puisse entrer et nous sauver.

Nous n'avons pas peur du Seigneur : il est très bon, il est doux, il est proche de nous. Il est venu pour nous sauver. Nous n'avons pas peur de la lumière de Jésus.

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme si Tu étais déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.