Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 5 mai 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 5 mai 2020

Prions aujourd'hui pour celles et ceux qui sont morts à cause de la pandémie. Ils sont morts seuls, ils sont morts sans les caresses de leurs proches, beaucoup même sans funérailles. Que le Seigneur les accueille dans la gloire.

 

Jésus était dans le temple, la fête de la Dédicace était proche. Même les Juifs, à l'époque, firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! » Ils ont perdu patience, et Jésus leur a répondu avec douceur : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Ils n'arrêtaient pas de dire : "C'est toi ? Ou ce n'est pas toi ?" - Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Et cela suscite peut-être un doute en nous : je crois et je fais partie des brebis de Jésus ; mais si Jésus devait nous dire : "Vous ne pouvez pas croire parce que vous n’êtes pas de mes brebis", est-ce que cela signifierait qu’il y a une foi préalable à la rencontre avec Jésus ? Y a-t-il quelque chose qui puisse m'arrêter devant cette porte qu'est Jésus ?

Il y a des attitudes qui précèdent la confession de Jésus. Même pour nous, qui sommes dans le troupeau de Jésus. Ce sont les "préalables négatifs", qui ne nous permettent pas d'aller de l'avant dans la connaissance du Seigneur. Les premiers sont les richesses. Nous aussi, nous sommes nombreux à être entrés par la porte du Seigneur, et à nous arrêter parce nous sommes prisonniers des richesses. Le Seigneur a été dur, avec les richesses, il a été très dur, très dur. Au point de dire qu'il était plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un homme riche d’entrer dans le royaume des cieux. C'est dur, ça. La richesse est un obstacle à l'avancement. Mais devons-nous tomber dans le paupérisme ? Non. Mais ne soyez pas esclaves de la richesse, ne vivez pas pour la richesse, car la richesse est un maître, le maître de ce monde et nous ne pouvons pas servir deux maîtres. Les richesses nous arrêtent.

Une autre chose qui nous empêche d'avancer dans la connaissance de Jésus, dans l'appartenance à Jésus, c'est la rigidité : la rigidité du cœur. Et aussi la rigidité dans l'interprétation de la loi. Jésus reproche cette rigidité aux pharisiens, aux docteurs de la loi. La rigidité ce n'est pas la fidélité : la fidélité est toujours un don de Dieu ; la rigidité est une sécurité pour moi-même. Je me souviens d'une fois où je suis entré dans une paroisse et une dame -– une brave dame - s'est approchée de moi et m'a dit : "Père, un conseil...". – "Dites-moi" - "La semaine dernière, samedi, pas hier, le samedi d’avant, nous sommes allés à un mariage, un mariage avec messe. C'était samedi après-midi, et nous pensions qu'avec cette messe nous avions accompli le précepte du dimanche. Mais ensuite, en rentrant chez moi, j'ai pensé que les lectures de cette messe n'étaient pas celles du dimanche. Et j'ai donc réalisé que je suis en état de péché mortel, parce que le dimanche, je n'y suis pas allé, parce que j'y suis allé le samedi, mais à une messe qui n'était pas la bonne, parce que les lectures n'étaient pas les bonnes". Cette rigidité... Et cette dame appartenait à un mouvement d’église. La rigidité. Elle nous éloigne de la sagesse de Jésus, de la beauté de la sagesse de Jésus ; elle vous enlève notre liberté. Et beaucoup de pasteurs font grandir cette rigidité dans l'âme des fidèles ; une rigidité ne nous laisse pas entrer par la porte de Jésus car elle nous fait penser qu’il est plus important d'observer la loi telle qu'elle est écrite, ou comme je l'interprète, que d'aller librement de l'avant à la suite de Jésus.

Une autre chose qui ne nous permet pas d'avancer dans la connaissance de Jésus est l'acédie, la paresse spirituelle. Cette soi-disant fatigue... Pensons à cet homme dans la piscine : il était là depuis 38 ans. L’acédie. Elle nous enlève l’envie de continuer et tout devient "oui, mais... non… pas maintenant, …non, mais...", et nous fait devenir tièdes. La paresse est un autre obstacle qui nous empêche d'avancer.

Une autre chose assez mauvaise est le cléricalisme. Le cléricalisme se met à la place de Jésus. Il dit : "Non, cela doit être comme ci et pas comme ça..." – "Mais, le Maître dit..." - "Laisse le Maître tranquille. Fais comme ci et pas comme ça, et sinon tu ne pourras pas entrer." Le cléricalisme qui enlève la liberté de la foi des croyants. C'est une maladie, laide, dans l'Église : le cléricalisme.

Ensuite, une autre chose qui nous empêche d'aller de l'avant et d'entrer pour connaître Jésus et le confesser est l'esprit mondain. Lorsque l'observance de la foi et la pratique de la foi deviennent mondaines. Et tout devient mondain. Pensons à la célébration de certains sacrements dans certaines paroisses : que de mondanités ! On ne comprend plus la grâce de la présence de Jésus.

Ce sont ces choses qui nous empêchent de faire partie des brebis de Jésus. Nous sommes plutôt des "moutons" de toutes ces choses : de la richesse, de la paresse, de la rigidité, de la mondanité, du cléricalisme, des modes, des idéologies, des formes de vie. On manque de liberté. Or on ne peut pas suivre Jésus sans liberté. "Mais parfois, la liberté va trop loin et on glisse." Oui, c'est vrai, c'est vrai. On peut glisser tout en étant libres, mais le pire, c'est de glisser avant de partir, avec toutes ces choses qui nous empêchent de commencer à avancer.

Que le Seigneur nous éclaire pour voir si, en nous, nous sommes libres pour passer par la porte qu'est Jésus et avancer ensuite pour faire partie troupeau, pour devenir des brebis de son troupeau.

 

Communion spirituelle

Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint-Sacrement de l'autel. Je T'aime par-dessus tout et Te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas Te recevoir maintenant sacramentellement, viens au moins spirituellement dans mon cœur. Comme si Tu étais déjà venu, je T'embrasse et en toutes choses je m’unis à Toi. Ne permets que je me sépare de Toi.