Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 1 mai 2020

Homélie du pape François à la chapelle Sainte Marthe � 1 mai 2020

C’est aujourd’hui la fête de saint Joseph travailleur et la fête des travailleurs. Prions pour tous les travailleurs. Pour tous. Que personne ne manque de travail et que chacun soit payé équitablement, et puisse jouir de la dignité du travail et de la beauté du repos.

 

Et Dieu créa. Dieu est créateur. Il a créé le monde, il a créé l'homme, et il a donné à l'homme une mission : gérer, travailler, poursuivre la création. Et le mot travail est celui que la Bible utilise pour décrire cette activité de Dieu : Le septième jour, Dieu avait achevé l’œuvre qu’il avait faite. Et il confie cette activité à l'homme : Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde. Le travail est donc que la continuation de l'œuvre de Dieu : le travail humain est la vocation de l'homme reçue de Dieu à la fin de la création de l'univers.

Et c'est le travail qui rend l'homme semblable à Dieu, parce qu'avec le travail l'homme est un créateur, il est capable de créer, de créer beaucoup de choses ; même de créer une famille pour aller de l'avant. L'homme est un créateur et crée avec le travail. C'est sa vocation. Et la Bible dit que Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. C'est-à-dire que le travail porte en lui quelque chose, il crée l'harmonie des choses – la beauté, la bonté – et il implique l'homme en tout : dans sa pensée, dans son action, dans tout. L'homme est impliqué dans le travail. C'est la première vocation de l'homme : travailler. Et cela donne de la dignité à l'homme. La dignité qui le fait ressembler à Dieu. La dignité du travail.

Une fois, dans un centre de Caritas, à un homme qui n'avait pas de travail et qui était allé chercher quelque chose pour sa famille, un employé de la Caritas lui a donné de la nourriture et lui a dit : "Au moins vous pourrez ramener du pain à la maison" – "Mais cela ne me suffit pas, ce n'est pas assez", a été la réponse : "Je veux gagner mon pain pour le ramener à la maison". Il lui manquait la dignité, la dignité de "faire" le pain lui-même, avec son travail, et de le ramener chez lui. La dignité du travail, qui est malheureusement tellement bafouée.

Au cours de l'histoire, nous avons vu avec quelle brutalité on traitait les esclaves : en les envoyait d'Afrique en Amérique – c’est une histoire qui concerne mon pays – et nous disons : c’est de la barbarie ! Mais même aujourd'hui, il y a beaucoup d'esclaves, beaucoup d'hommes et de femmes qui ne sont pas libres de travailler : ils sont obligés de travailler pour survivre, rien de plus. Ce sont des esclaves, des travailleurs forcés... Il y a des travaux forcés, injustes, mal payés et qui conduisent l'homme à vivre avec une dignité bafouée. Il y en a beaucoup, beaucoup dans le monde. Beaucoup. Il y a quelques mois, nous avons lu dans les journaux comment, dans un pays d'Asie, un homme avait matraqué à mort un de ses employés, qui gagnait moins d'un demi-dollar par jour, parce qu'il avait fait quelque chose de mal. L'esclavage d'aujourd'hui est notre "in-dignité", car il enlève la dignité des hommes, des femmes, de nous tous. "Non, je travaille, j'ai ma dignité." Oui, mais tes frères, non. "Oui, père, c'est vrai, mais ça se passe loin d’ici, c'est difficile à comprendre pour moi. Parce qu’ici, chez nous..."

Même ici, chez nous. Oui, ici, chez nous. Pensez aux travailleurs, qui travaillent à la journée, que vous faites travailler pour un salaire minimum, et pas huit, mais douze, quatorze heures par jour : cela arrive aujourd'hui, ici. Partout dans le monde, mais ici aussi. Pensez à l’employée de maison qui n'a pas un salaire équitable, qui n'a pas la sécurité sociale, qui n'a pas de retraite : cela ne se produit pas seulement en Asie. Ici.

Toute injustice faite à une personne qui travaille est une atteinte à la dignité humaine ; y compris à la dignité de celui qui provoque l'injustice : on baisse le niveau et on retrouve cette tension entre le dictateur et l’esclave. Alors que la vocation que Dieu nous donne est si belle : créer, re-créer, travailler. Mais cela ne peut se faire que lorsque les conditions sont bonnes et que la dignité de la personne est respectée.

Aujourd'hui, nous pensons à ces hommes et à ces femmes, croyants et non-croyants, qui commémorent la Journée des travailleurs, la Journée du travail, à ceux qui luttent pour la justice au travail, aux bons chefs d’entreprise qui ont le sens de la justice dans leur travail, même s'ils ne rentrent pas dans leurs frais. Il y a deux mois, j'ai parlé au téléphone avec un chef d’entreprise, ici en Italie, qui me demandait de prier pour lui parce qu'il ne voulait licencier personne, et il m'a dit : "si j’en licencie un, c’est moi que je licencie". Cette conscience de tant de bons chefs d’entreprise, qui prennent soin de leurs travailleurs comme de leurs enfants. Prions pour eux aussi. Et demandons à Saint Joseph – grâce à cette belle statue [placée près de l'autel] du saint, les outils à la main – de nous aider à lutter pour la dignité du travail, pour qu'il y ait du travail pour tous, et pour que ce travail soit digne. Pas de travail d'esclave. C’est notre prière d'aujourd'hui.

 

Communion spirituelle

Je me prosterne à tes pieds, ô mon Jésus, et je t'offre le repentir de mon cœur contrit qui s’abaisse dans son néant et en ta sainte présence. Je T’adore dans le sacrement de ton Amour. Je désire te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur. Dans l'attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux Te posséder en Esprit. Viens à moi, ô mon Jésus, et que je vienne à Toi. Que ton amour enflamme tout mon être, pendant ma vie et au moment de la mort. Je crois en Toi, j'espère en Toi, je T'aime. Amen.