Chemin de Croix de Paul Claudel

Sixième station

Sixième station

Une femme pieuse essuie le visage de Jésus

 

R/. Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

V/. Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix.

Tous les disciples ont fui, Pierre lui-même renie avec transport ! Une femme au plus épais de l'insulte et au centre de la mort se jette et trouve Jésus et lui prend le visage entre les mains.

Enseignez-nous, Véronique, à braver le respect humain car celui à qui Jésus-Christ n'est pas seulement une image, mais vrai, aux autres hommes aussitôt devient désagréable et suspect. Son plan de vie est à l'envers, ses motifs ne sont plus les leurs Il y a quelque chose en lui toujours qui échappe et qui est ailleurs. Un homme fait qui dit son chapelet et qui va impudemment à confesse, qui fait maigre, le vendredi et qu'on voit parmi les femmes à la messe, cela fait rire et ça choque, c'est drôle et c'est irritant aussi. Qu'il prenne garde à ce qu'il fait, car on a les yeux sur lui. Qu'il prenne garde ait chacun de ses pas, car il est un signe.

Car tout Chrétien de son Christ est l'image vraie quoiqu’indigne. Et le visage qu'il montre est le reflet trivial de cette Face de Dieu en son cœur, abominable et triomphal !

Laissez-nous la regarder encore une fois, Véronique, sur le linge ou vous l'avez accueillie, la face du Saint Viatique. Ce voile de lin pieux ou Véronique a caché la face du Vendangeur au jour de son ébriété, afin qu'éternellement son image s'y attachât, qui est fait de son sang, de ses larmes et de nos crachats !

- Notre Père…

- Je vous salue Marie…

 

R/. Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort.

V/. Et à la mort sur une croix.