
saint Renaud
Seul l’engouement récent pour ce prénom l’a fait apparaître sur nos calendriers, détrônant la fête plus ancienne de saint Lambert, évêque de Maestricht, et celle des Stigmates de Saint-François, si populaire pendant des siècles.
Renaud meurt en ermite le 17 septembre 1103 ou 1104. Originaire de Picardie, il devient chanoine régulier à Saint-Jean-des-Vignes à Soissons. Très vite, il se sent attiré, comme tant de ses contemporains, par la vie érémitique. Il se rend auprès d’un autre grand mystique de l’époque, Robert d’Arbrissel, qui vit seul dans la forêt de Craon, en Anjou. Beaucoup d’ermites se regroupent auprès de lui, attirés par sa réputation de sainteté et son austérité.
Yves de Chartres, célèbre ancien prieur de Saint-Quentin de Beauvais, devenu évêque de Chartres, intervient pour clarifier cette situation et envoie à Renaud une longue missive lui rappelant les bienfaits de la vie cénobitique. Renaud lui répond que l’expérience de la vie solitaire lui était préférable. Quelques années plus tard, Robert d’Arbrissel quitte cette solitude qui n’en était plus une. Il fondera l’abbaye de Fontevraud.
Renaud, au départ du maître, s’éloigne à son tour de Craon et se retire dans la forêt de Mélinais, près de La Flèche, dans la Sarthe, où il construit un oratoire, ressemble quelques disciples et y meurt.
Pensée spirituelle :
«La solitude est un bien à qui possède une belle âme.» (Honoré de Balzac)

sainte Hildegarde de Bingen
Hildegarde de Bingen (1098 – 1179) était une religieuse bénédictine allemande, l’une des grandes figures intellectuelles et spirituelles du Moyen Âge. Elle est née en 1098, probablement dans la région de Bermersheim, dans une famille noble de Rhénanie. Dès son enfance, elle se disait sujette à des visions mystiques. À l’âge de huit ans, ses parents la confièrent au couvent bénédictin de Disibodenberg, où elle fut formée à la prière, au chant et à la lecture des textes religieux.
Vers 1136, Hildegarde devint abbesse de sa communauté. Elle se fit rapidement connaître pour ses visions spirituelles, qu’elle mit par écrit dans des ouvrages tels que le Scivias ("Connais les voies"), où elle décrit de manière poétique et symbolique sa compréhension de Dieu et de l’univers. Ces visions lui valurent une grande réputation et l’approbation du pape Eugène III, ce qui lui donna une autorité exceptionnelle pour une femme de son époque.
En 1150, elle fonda son propre monastère à Rupertsberg, près de Bingen, puis un second à Eibingen. Elle encouragea ses sœurs à mener une vie religieuse exigeante et artistique. Hildegarde fut également une prédicatrice itinérante : elle parcourut la vallée du Rhin pour prêcher devant des foules mixtes – un rôle très inhabituel pour une femme au XIIe siècle.
Son œuvre est impressionnante et variée :
- Théologie et spiritualité : ses écrits explorent la création, le salut et le rôle de l’homme dans le monde.
- Médecine et sciences naturelles : dans ses traités comme Physica et Causae et curae, elle décrit les plantes, les pierres, les animaux et leurs usages médicinaux.
- Musique et poésie : elle composa plus de 70 chants liturgiques, d’un style très expressif, et un drame liturgique, l’Ordo Virtutum, considéré comme une des premières formes de théâtre musical en Europe.
Hildegarde était aussi une figure morale de son temps : elle échangea des lettres avec empereurs, papes et évêques, donnant conseils spirituels et critiques politiques.
Elle mourut le 17 septembre 1179 à l’âge de 81 ans. Son influence ne cessa de croître au fil des siècles. En 2012, le pape Benoît XVI la canonisa officiellement et la proclama Docteure de l’Église, un titre rare réservé aux penseurs chrétiens majeurs. Aujourd’hui, Hildegarde est admirée comme mystique, musicienne, scientifique et pionnière de la pensée féminine au Moyen Âge.

saint Robert Bellarmin
Robert Bellarmin (1542 - 1621) était un cardinal jésuite, théologien et écrivain italien, reconnu comme l’un des plus grands docteurs de l’Église catholique.
Il est né le 4 octobre 1542 à Montepulciano, en Toscane, dans une famille modeste mais pieuse. Très tôt attiré par les études et la vie religieuse, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1560. Il suivit des études de philosophie et de théologie à Rome, Padoue et Louvain (actuelle Belgique), où il se fit remarquer pour son intelligence et sa capacité à expliquer clairement la doctrine catholique.
En 1570, il fut ordonné prêtre et commença à enseigner la théologie. Il devint bientôt célèbre pour ses cours de controverse à l’Université grégorienne de Rome, où il forma toute une génération de théologiens et de prêtres. Ses conférences furent rassemblées dans son œuvre majeure, les Disputationes de controversiis christianae fidei (1596), une somme théologique qui répondait aux objections des Réformateurs protestants de l’époque.
Robert Bellarmin fut aussi un homme de gouvernement. Il servit comme recteur du Collège Romain, conseiller de plusieurs papes, puis fut créé cardinal en 1599. En 1602, il devint archevêque de Capoue, où il se consacra avec zèle à la réforme du clergé et à l’enseignement catéchétique du peuple, conformément aux décisions du Concile de Trente.
Il a écrit de nombreux ouvrages spirituels, dont le Catéchisme de Bellarmin, qui a été largement diffusé dans toute l’Église et a aidé des générations de fidèles à comprendre la foi chrétienne.
Robert Bellarmin a également joué un rôle important comme conseiller dans plusieurs débats délicats de son temps, y compris ceux liés à Galilée et à la question de l’astronomie héliocentrique. Bien qu’il ait défendu la prudence dans l’enseignement de la théorie copernicienne (parce qu’elle n’était pas encore prouvée scientifiquement), il est connu pour son ton mesuré et respectueux dans ces discussions.
Il mourut à Rome le 17 septembre 1621, à l’âge de 78 ans. Il fut canonisé en 1930 par le pape Pie XI et proclamé Docteur de l’Église l’année suivante. Son intelligence, sa clarté de pensée et sa douceur pastorale en font une figure majeure de la Contre-Réforme catholique.