
saint Jérôme
« Ignorer l’Écriture, c’est ignorer le Christ » Cette maxime résume bien la vie et l’œuvre de ce docteur de l’Église un rien soupe au lait !
Né vers 340, en Dalmatie, dans une famille chrétienne, Jérôme est envoyé étudier à Milan puis à Rome. Non sans emphase, il se décrit : à la fois philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien, expert en hébreu, grec et latin. Doué, facétieux, il goûte aux joies de la vie estudiantine et malgré un caractère irascible, noue de solides amitiés parmi les étudiants.
Avec un petit groupe d’amis, le dimanche, il visitait les catacombes. Il décrit ces descentes dans les profondeurs de la terre comme une expérience mystique qui, assurément, le conduira à demander le baptême en 366 et à s’orienter vers des études bibliques et théologiques.
Après un séjour à Trêves, on le retrouve en Italie où il vit en communauté, puis en Syrie : tourmenté par de mystérieuses fautes passées, il mène, dans la solitude, une vie de pénitence non loin d’Alep. Ordonné prêtre en 378 par Paulin d’Antioche, il refuse tout ministère et s’en jugeant indigne ne célèbrera jamais la messe ! Pourtant, il quitte rapidement le désert pour rejoindre saint Grégoire de Nazianze à Constantinople puis, en 382, il accompagne Paulin convoqué à Rome pour un Concile.
Présenté au Pape Damase, il accepte de devenir son conseiller pour l’Orient et de travailler à une révision du texte des Évangiles. Rapidement, il devient la coqueluche des salons romains et un directeur spirituel en vue. Ses talents et sa verve de polémiste susciteront bien des rancœurs. À la mort du Pape, il ne supportera pas les calomnies dont on l’accable et quittera Rome pour la Palestine, suivi de quelques dames désireuses de mener une vie de pénitence. Après un séjour en Égypte et à Jérusalem, il s’établit à Bethléem en 386 et y fonde un monastère de moniales pour ses dirigées. C’est là qu’il produira la Vulgate - traduction latine de la Bible - n’hésitant pas à recourir à des rabbins pour corriger ses versions.
Toute sa vie, dans les pires conditions matérielles, il mènera à bien travail intellectuel et polémique. Il n’y a pas de controverses théologiques où il ne soit intervenu : Origène, Pélage, Vigilance, ses propres amis, tel Augustin, n’échapperont pas à ses critiques souvent sarcastiques, distillées dans des lettres dont il inonde l’Empire. Il meurt en 430, dans cette solitude à la fois recherchée et redoutée, après avoir fréquenté l’Écriture, et donc Le Christ, toute sa vie.