saint Charles Borromée
Un trait caractérise tout Charles Borromée : cadet, destiné aux Ordres, il reçut à sa naissance en 1538 au château d’Arona, sur le Lac Majeur, l’usufruit de l’abbaye bénédictine locale… mais refusera d’en toucher les bénéfices, versés aux pauvres, y gagnant la réputation de frugal souvent à court d’argent.
Docteur en théologie il est immédiatement nommé administrateur du diocèse de Milan, Secrétaire d’État du Vatican, Légat pontifical et créé Cardinal par son oncle maternel devenu Pape sous le nom de Pie IV : il avait 22 ans et n’était pas encore prêtre ! Le Pape ayant décidé de rouvrir le Concile de Trente, Charles sera l’inspirateur et la cheville ouvrière de la troisième et dernière session (1562-1563), s’investissant surtout dans la rédaction du Catéchisme et la Réforme liturgique.
Ordonné prêtre et Évêque en 1563, il peut enfin se consacrer un peu à son diocèse. Il y convoque un concile régional afin de mettre en œuvre les réformes du Concile de Trente. À la mort de son oncle en 1566, il obtient de Pie V, son successeur, d’être déchargé de tous ses ministères romains et rentre à Milan où il poursuit son travail de réformateur. Persuadé que la Contre-Réforme catholique passera par la formation du clergé, il créé à Milan le premier séminaire des temps modernes, veille à la vie spirituelle de ses prêtres, répand largement le catéchisme du Concile et n’hésite pas à faire appel à des artistes contemporains pour populariser la Réforme liturgique : Palestrina composera pour lui sa fameuse Messe du pape Marcel. Bon Pasteur, il consacre sa fortune pour venir en aide aux milanais, abandonnés par les autorités civiles, lors d’une famine et d’une épidémie de peste en 1570-76. Il meurt épuisé, pleuré par son peuple, en 1584 : il avait 46 ans.
Comme beaucoup de membres de la haute aristocratie Italienne d’alors, Charles aurait pu vivre de ses rentes et jouir des charges attachées à sa famille. Sans doute le bégayement dont il souffrait qui, de prime abord, le faisait passer pour un simple d’esprit, et la multitude de charges reçues alors qu’il n’était qu’un jeune adulte, firent de lui un homme généreux qui dépensait sans compter ses biens, comme ses forces, au service du bien commun. Mais Charles appartient surtout à ce club de rares grands hommes, cadeaux de Dieu à l’Église et à la société, tellement conscients que les qualités qui les distinguaient étaient des dons du Seigneur, qu’ils ne pouvaient que croître en humilité !