Retour à l'accueil

18 novembre 2023

Saints du jour

sainte Aude, sainte Philippine Duchesne
Sainte Aude

sainte Aude

Saint-Louis ordonne que chaque communauté religieuse de Paris rejoigne la Sainte-Chapelle dans laquelle on va déposer solennellement la Sainte Couronne d’épines qu’il vient de racheter une fortune au cours d’une croisade. Il demande que les religieux y viennent en procession avec les reliques de leur fondateur. Chacun exécute les ordres du roi, excepté les chanoines de Sainte-Geneviève qui font valoir que les reliques de la Patronne de Paris ne peuvent sortir de l’église Saint-Etienne-du-Mont que si celles de saint Marcel viennent les rejoindre. Gain de cause. Ces chanoines se rendent à la Sainte-Chapelle avec les reliques de sainte Aude !

Mais qui est-elle ? Compagne discrète de sainte Geneviève, Aude serait née en Brie, dans le village qui porte aujourd’hui son nom. Elle suit sainte Geneviève et mène la vie humble et cachée d’une religieuse fidèle. Des missels et bréviaires du 13ème siècle font mémoire de cette religieuse du 6ème siècle aussi bien à Paris qu’à Meaux.

Pensée spirituelle inspirée par la vie d’Aude :

« Nos existences ne sont faites qu’en partie de ce que nous voyons, et la plus grande partie appartient au secret de Dieu. » (Romano Guardini)

Courte prière :

« Je ne serai pas seul tant que tu seras avec moi, ô mon Dieu ! » (Guillaume de Saint-Thierry)

Avec l’aimable autorisation de Defendente Génolini
sainte Philippine Duchesne

sainte Philippine Duchesne

Rose-Philippine Duchesne naît en 1769 à Grenoble (Dauphiné, France) dans une famille de la haute bourgeoisie. Son père est un riche et brillant avocat, son oncle, Casimir Perier, est un ministre célèbre. Si le père est voltairien, la mère heureusement est très pieuse. Philippine est mise à l’école à Sainte-Marie-d’en-Haut, le couvent des Visitandines de la ville. Puis elle entre chez celles-ci comme postulante à dix-neuf ans, malgré l’opposition de son père qui sent la Révolution venir. En effet, quand elle éclate, le couvent est dispersé. Rose-Philippine s’emploie alors à soulager les pauvres et scolariser les enfants ; elle mène une vie chrétienne de catacombes. Quand la liberté religieuse est rendue par le concordat (1801), Philippine rachète le couvent abandonné et quelques anciennes sœurs reviennent, mais finalement le rétablissement de la communauté échoue. Elle rencontre alors, en 1804, Marie-Sophie Barat, fondatrice des Sœurs du Sacré-Cœur. Elle entre dans cet institut. Elle a depuis l’enfance une grande dévotion au Saint-Sacrement. Après sa profession religieuse, dans la nuit du Jeudi-Saint 1806, en prière devant le tabernacle, elle a une vision qu’elle décrit ainsi à sa supérieure : « O bénite nuit ! Toute la nuit, j'ai été dans le nouveau continent, mais j'ai voyagé en bonne compagnie. D'abord j'avais précieusement recueilli au Jardin, au Prétoire, au Calvaire, tout le sang de Jésus ; je m'étais emparée de lui au Saint-Sacrement. Je le serrais étroitement et je portais partout mon trésor, sans crainte de l'épuiser. Saint François-Xavier s'intéressait encore à faire fructifier cette précieuse semence, et il se tenait au pied du trône de Dieu pour demander l'ouverture de nouvelles terres à éclairer. Saint François-Régis était le pilote des voyageurs, et bien d'autres saints encore, jaloux de la gloire de Dieu. Les douze heures de la nuit sont bien vites passées… La veille je ne croyais pas pouvoir tenir une heure… Je me trouvais seule avec Jésus seul, avec des enfants tout noirs, et j'étais plus contente au milieu de ma petite cour que tous les potentats du monde. »

En 1817, Mgr Dubourg, évêque de Louisiane, de passage en France, demande des religieuses. Rose-Philippine qui, à 49 ans, est la plus âgées des Sœurs de Sacré-Cœur, obtient cependant de partir avec trois autres. (Notons que Rose avait un nom prédestiné, Rose de Lima étant la première sainte canonisée des Amériques). Les début sont périlleux et très pauvres. Elle fait une première fondation à Saint-Charles, près de Saint-Louis, et d’autres encore, accueillant dans ses écoles des enfants d’Indiens déplacés. Chaque fois que Philippine fonde une maison, elle se réserve les tâches les plus humbles : elle bêche le jardin, soigne les bêtes, surveille le dortoir des pensionnaires. Elle s'occupe des malades, elle mange les restes. Travail, pauvreté, prière tissent ses journées. Et c'est dans ce contexte que grandissent les écoles et que les vocations religieuses affluent. Enfin, à 72 ans, l’occasion lui est donnée d’aller vraiment en mission, auprès des Indiens, dans leur propre territoire, au Kansas, situé aux pieds des Rocheuses où les Jésuites ont une mission chez les Indiens Potawatimi. Les Pères réclamaient leur présence, assurés du succès de leur mission si elle était soutenue, ne fut-ce que par leurs prières. Les Indiens leur assurent un accueil triomphal. Un Jésuite présente ainsi la Mère : « Voici une dame qui depuis trente-cinq ans ne cesse de demander à Dieu de venir parmi vous. » N’arrivant pas à maîtriser la langue, (déjà, pour l’anglais, les résultats avaient été peu brillants) et la maladie s’en mêlant, elle doit revenir après une année. Mais elle a beaucoup frappé les Indiens qu’ils l’appellent ‘la femme qui prie toujours’.

De retour à Saint-Charles, elle passe le reste de sa vie dans l’humilité et la contemplation. Ces dix années d’apparente inactivité sont les plus fécondes ; les religieuses du Sacré-Cœur fondent trois fois plus de maisons que dans la période précédente. La fondatrice meurt le 18 novembre 1852, âgée de quatre-vingt-trois ans, et son départ inspira aux Indiennes Patowatomies le poème suivant:

O grand Esprit

Elle arrive vers toi cette femme 'grande', qui est bien nôtre

Elle arrive vers toi sans tarder.

Conforte son esprit, et fais-lui le chemin.

Fais que prairies et collines murmurent

Tout au long de son retour à la maison,

Que le courant des eaux du Mississipi

Chante son retour vers toi.