sainte Lucie
L’aveugle qui illumine la nuit de décembre. Comme souvent pour les saints des premiers siècles chrétiens, nous ne connaissons presque rien d’historique à propos de Sainte Lucie. Elle serait née à Syracuse, en Sicile, à la fin du IIIème siècle, dans une famille noble et déjà chrétienne. Jeune, elle aurait exprimé le désir de donner sa vie au Seigneur en lui consacrant sa virginité. Lorsque la persécution décrétée par l’Empereur Dioclétien [284-305] se répandit dans tout l’Empire ce vœu sera exhaussé : jusqu’au martyre ! Les nombreuses légendes qui lui sont consacrées jusqu’au Moyen Âge, racontent qu’un homme, présenté plus tard comme un soldat romain, tenta d’abuser d’elle. Certaines avancent que, pour impressionner son violeur, elle se serait elle-même arraché les yeux… et elle devint ainsi la Sainte Patronne des Opticiens ! L’héroïsme de la jeune vierge l’ayant désigné comme chrétienne, elle est torturée et, devant son refus de céder aux avances de ses tortionnaires, mise à mort.
Son culte se répand alors rapidement de Syracuse à Rome et on en trouve des traces dès le 7ème siècle en Angleterre avant d’aboutir en Suède. Autre preuve de sa célébrité, son nom est introduit dans le Canon Romain, aujourd’hui notre Prière Eucharistique I.
Sans doute parce que sa fête tombe alors que les jours sont les plus courts de l’année, elle devint l’occasion de célébrer aussi bien la Lumière que la Virginité. Son nom se prêtait à se rapprochement : en effet, en latin, Lux/Lumière est proche de Lucia/Lucie. Lorsque enfin son culte atteindra les pays nordiques, on vit se développer, surtout en Suède, de larges processions où des jeunes filles, réputées vierges, habillées de blanc, couronnées de bougies, rendaient hommage à la courageuse sicilienne dont le martyre sanglant fut bientôt occulté par la célébration du triomphe de la lumière sur les ténèbres. Une semaine après saint Nicolas, la fête de sainte Lucie contribua ainsi à amplifier la côté festif de notre préparation à Noël et à stimuler notre attente. Le 21 Décembre ne chanterons-nous pas : « Ô Soleil levant, splendeur de justice et lumière éternelle, illumine ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, viens, Seigneur, viens nous sauver ? » Les processions de la sainte Lucie, qui illuminent la nuit de décembre, ne sont-elles pas paraboles de notre marche tâtonnante vers la Lumière du monde, Jésus notre Sauveur.