saint Jean de la Croix
Le « demi » frère de Thérèse d’Avila ! Juan de Yepes est né en 1542, entre Avila et Salamanque. Orphelin de père, sa mère trop pauvre doit le confier à un orphelinat. À 14 ans, il est apprenti sculpteur sur bois : c’est sans doute là qu’il acquerra l’époustouflant sens de la perspective révélé par ses dessins. Pourtant il ne poursuivra pas dans cette voie et deviendra infirmier. Son dévouement et sa bonne humeur, qui lui font accepter les tâches les plus rebutantes, attirent rapidement l’attention du directeur de l’hôpital qui décide de l’envoyer au Collège des Jésuites avec promesse de lui réserver le poste d’aumônier une fois ordonné prêtre. Après quatre ans d’études, contre l’avis de ses proches, il rejoint de nuit les Carmes où il reçoit le nom de frère Jean de Saint Matthias. À la fin de son noviciat, il est envoyé à Salamanque pour y poursuivre ses études. Son sérieux, la frugalité qu’il s’impose, attirent et agacent tout à la fois : il n’a déjà pas que des amis parmi ses frères étudiants !
Pendant ce temps, les richesses du Nouveau Monde affluent en Espagne et corrompent les mentalités : jusque dans les couvents ! Thérèse d’Avila tente de réformer son Ordre. Jean, lui, songe à fuir chez les Chartreux. Leur rencontre, en 1567, sera déterminante. Elle voit tout le potentiel de ce jeune frère et le supplie de ne pas partir. Un an après, Jean et un compagnon ouvraient la première maison de Carmes déchaux : il devenait le frère Jean de la Croix.
Le succès et l’hostilité sont immédiats. Le torchon brûle entre partisans et opposants à la réforme. Arrêté, libéré sur intervention du Nonce, Jean est capturé de nouveau en 1577 et enfermé au secret à Tolède. Privé de tout, maltraité, souffrant, il compose mentalement ses plus beaux poèmes. Le 15 août 1578, il s’échappe et trouve refuge chez les Carmélites de la ville. Protégé par Thérèse jusqu’à sa mort en 1582, il doit ensuite faire face à de nouvelles attaques. Il meurt au couvent d’Ubeda, dépouillé de toute responsabilité, comme un vieux chiffon jeté dans le coin de la cuisine, le 14 décembre 1591.
Comme l’a bien fait remarquer Jean Paul II, Jean de la Croix commence là où les philosophies orientales terminent. Son « nada », ne débouche pas sur “rien” ou sur “Un grand Tout” indifférencié mais sur une rencontre personnelle avec le Bien Aimé. Si Jean nous invite à nous détacher des choses créées comme de notre moi, c’est pour mieux nous ramener à l’intérieur de nous même, à la recherche de l’unique nécessaire : Le Christ. Sa Nuit, pour obscure qu’elle soit est radiante, comme une nuit andalouse, réfractant la Lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme, Jn 1, 9.
sainte Odile
Elle ne fut pas la bienvenue. On attendait un garçon et ce fut une fille. Puis on s'aperçut qu'elle était née aveugle. Son père, Adalric, comte d'Alsace voulut la tuer comme c'était encore l'usage en ces temps mérovingiens. Mais sa mère la sauva et Odile fut accueillie par l'abbaye bourguignonne de Baume-les-Dames. Quand elle fut plus âgée, elle revint à la maison où son père s'était calmé. Odile refusa de se marier puisqu'elle avait fait vœu de virginité quand elle était à Baume-les-Dames. Il lui offrit le château de Hohenbourg dont elle fit un monastère. Elle y adjoignit un hospice pour les lépreux.Ces détails sont peut-être légendaires, mais il est sûr qu'elle fonda un monastère qui fut prospère, qu'elle était priée quelques années après sa mort pour guérir de la cécité et, surtout, que le mont Sainte Odile est, aujourd'hui encore, un pèlerinage très fréquenté et un haut lieu de la vie spirituelle.