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25 décembre 2024

Saint du jour

Noël

Noël

Le Christ est-il vraiment né un 25 décembre ?

 

L’idée selon laquelle le 25 décembre a été choisi pour remplacer le culte païen du dieu Soleil est inexacte, dans la mesure où la date choisie par les cultures polythéistes pour célébrer le “sol invictus” était celle du solstice d’hiver, qui tombe le 21 décembre et non le 25.

On sait par ailleurs que l’Église primitive, en particulier en orient, avait fixé le 25 décembre comme date de la naissance de Jésus très peu d’années après sa mort , comme le confirme une tradition judéo-chrétienne dont l’origine remonte à l’église de Jérusalem et de Palestine.  Mais dispose-t-on de preuves, documentaires ou archéologiques, susceptibles de confirmer cette vénérable tradition ecclésiale ? La réponse est oui.

En 1947, un berger palestinien retrouva une jarre à demi enfouie, dans une grotte du désert de Qumram, des milliers de manuscrits des saintes Écritures des israélites, bien conservées. Parmi ces documents, celui qui nous intéresse : le Livre des Jubilés, un texte du 2ème siècle avant Jésus Christ car il nous permet de connaître les “classes sacerdotales” qui officiaient dans le Temple de Jérusalem d’un samedi à l’autre à chaque période de l’année.

On apprend ainsi que la classe d’Abia, la huitième parmi les vingt quatre qui se relayaient au service du Temple, et à laquelle appartenait le prêtre Zacharie, le père de Jean Baptiste, entrait dans le Temple au cours de la semaine comprise entre le 23 et le 30 septembre. Si Zacharie est entré dans le Temple le 23 septembre, c’est-à-dire le jour où, selon l’évangile de Luc, l’Archange Gabriel lui annonça que sa femme Élisabeth, malgré son âge et bien qu’elle fût stérile, allait donner naissance à un fils qui s’appellerait Jean, cela signifie que le précurseur du Seigneur a pu naître neuf mois plus tard, et donc aux alentours du 24 juin.

Or ces deux dates sont celles où, depuis le premier siècle, le calendrier liturgique commémore aussi bien le jour de l’annonce faite à Zacharie que la naissance de Jean Baptiste. Par conséquent, le jour de l’Annonciation pourrait être le 25 mars car, lorsque Marie se rend chez sa cousine Élisabeth, immédiatement après les Paroles de l’Archange Gabriel, l’évangéliste note qu’Élisabeth “en était à son sixième mois”. Ce passage met en évidence une différence de six mois entre Jean et Jésus, et si Jésus a été conçu un 25 mars, il est raisonnable de penser que sa naissance a dû intervenir aux alentours du 25 décembre.

Mais ce n’est pas tout. Quelques détracteurs de la date du 25 décembre pour célébrer Noël ont en effet observé qu’à une telle date, c’est-à-dire en plein hiver, les anges ne pouvaient pas aller à la rencontre, de nuit et en pleine campagne, de bergers à qui ils donneraient la joyeuse nouvelle de la naissance du Sauveur de l’humanité. Prétendre cela signifierait faire bien peu de cas du fait que dans la religion juive tout est soumis aux normes de pureté légale. Or, si l’on s’en tient à ce qu’affirment de nombreux traités anciens, les juifs distinguaient trois types de troupeaux.

Le premier était composé exclusivement de moutons à laine blanche qui étaient considérés comme purs ; ils pouvaient donc, le soir venu, rentrer dans une bergerie située dans un centre habité. Un autre groupe était formé de moutons à laine à moitié blanche et à moitié noire : ils pouvaient rentrer à la bergerie le soir, mais à condition que celle-ci soit située en dehors d’un centre habité.

Un troisième groupe était formé de moutons à laine noire, qui étaient considérés comme impurs ; ils ne pouvaient entrer ni en ville ni dans la bergerie, même après le coucher du soleil, et ils devaient donc rester dehors, constamment surveillés par leurs bergers, jour et nuit, été comme hiver.

Rappelons-nous également que le texte de l’évangile dit que les bergers gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit. Ils se relayaient donc, ce qui se comprend mieux lorsque les nuits sont longues et froides, comme cela arrive en hiver. Or Bethléem se trouve à 800 m d’altitude…

Toutes ces considérations permettent de résoudre le mystère : les bergers et leurs troupeaux, que les anges sont allés trouver cette nuit-là à Bethléem, appartiennent au troisième groupe, composé de moutons à laine noire. Une sorte de préfiguration de cette partie de la société, marginaux, exclus, pécheurs, que Jésus approchera si volontiers dans sa prédication.

Nous pouvons donc affirmer, pour conclure, non seulement que Jésus est bien né un 25 décembre, mais aussi que les évangiles contiennent une vérité historique sur les événements de la nuit la plus sainte de tous les temps. Il ne nous reste plus qu’à remplacer les moutons blancs de nos crèches par des moutons noirs pour être fidèles à l’histoire, d’une part, et au cœur de l’enseignement du Christ, d’autre part.

 
Michele Loconsole

Docteur en Théologie œcuménique, Président de l’Association internationale ENEC (EUROPE NEAR EAST CENTRE), Vice-Président de la Fondation Nikolaos et de l’Association Puglia d'Oriente. Il a publié récemment “Il simbolo della croce. Storia e liturgia” (Bari, 2009).

Michele Loconsole