
saint Colomban
Né dans le Leinster en 543, il entra vers ses 20 ans au monastère de Bangor. La vie monastique qu'il y suivit forgèrent la conception du monachisme qu'il fixa et diffusa plus tard.
À l'âge de 50 ans environ, Colomban quitta l'Irlande pour entreprendre avec douze compagnons une mission sur le continent, où les grandes migrations germaniques avaient fait retomber des régions entières dans le paganisme. Leur re-évangélisation était basée sur l'exemple de vie, et nombre de jeunes demandèrent à entrer dans la communauté, rendant nécessaire la constitution d'un second monastère à Luxeuil, qui devint centre monastique et missionnaire de tradition irlandaise en Europe.
Bientôt fut fondée une troisième maison, à Fontaine, tandis que saint Colomban allait vivre une vingtaine d'années à Luxeuil. Il y rédigea sa Regula Monachorum, la seule des anciennes règles irlandaises parvenue jusqu'à nous. Il introduisit notamment sur le continent la confession personnelle et régulière, ainsi que la pénitence proportionnée à la gravité du péché commis.
À cause de sa sévérité sur les questions morales, il entra en conflit avec la famille royale, ayant vivement admonesté le roi Thierry pour ses relations adultérines... En 610 il fut expulsé de Luxeuil avec ses moines irlandais, condamnés définitivement à l'exil. Rapatriés par mer, leur bateau échoua près du rivage et, plutôt que de rentrer à Luxeuil, le groupe décida d'entreprendre une nouvelle aventure d'évangélisation d'abord à Tuggen, sur le lac de Zurich, puis près de Bregenz, sur le lac de Constance, en vue d'évangéliser les Alamans. Ayant ensuite passé les Alpes, Colomban fut favorablement accueilli par la cour lombarde.
Il dut immédiatement faire face à de graves difficultés. La vie de l'Église était empoisonnée par l'arianisme dominant chez les lombards, et un schisme avait détaché de la communion avec l'Évêque de Rome la plus grande partie de l'Église d'Italie du nord. Le saint irlandais rédigea alors un libelle contre cette hérésie et une lettre au Pape Boniface IV l'encourageant à œuvrer activement au rétablissement de l'unité ecclésiale.
Colomban fonda à Bobbio un nouveau monastère qui devint un centre culturel comparable au Mont Cassin de saint Benoît de Nursie. Il y acheva sa vie le 23 novembre 615, qui est sa fête liturgique jusqu'à nos jours.
Le message de Colomban se résume dans un vif appel à la conversion et au détachement des biens terrestres en vue de l'héritage éternel. Par sa vie d'ascèse et son engagement total contre la corruption des puissants, il rappelle la sévère figure du Baptiste. Mais cette austérité est surtout le moyen de s'ouvrir librement à l'amour de Dieu, de répondre de tout son être aux dons reçus en reflétant en soi l'image de Dieu, tout en travaillant la terre et en réformant la société.
Saint Colomban fut un homme de grande culture, riche de grâces, un formidable constructeur de monastères et un vif prêcheur de la pénitence. Il mit toutes ses énergies dans l'alimentation des racines chrétiennes de l'Europe naissante. Par son énergie spirituelle et sa foi, avec son amour de Dieu et du prochain, il est devenu l'un des Pères de l'Europe qui continue de nous montrer ce que sont les racines d'où le continent peut renaître.