Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Un élément fondamental de Pentecôte est la surprise. Notre Dieu est le Dieu des surprises, nous le savons. Personne n’attendait plus rien des disciples : après la mort de Jésus, ils formaient un petit groupe insignifiant, des vaincus orphelins de leur Maître. En revanche, un événement inattendu a lieu qui suscite l’émerveillement : les gens sont troublés parce que chacun entendait les disciples parler dans leur langue respective, racontant les grandes œuvres de Dieu. L’Église qui naît à la Pentecôte est une communauté qui suscite l’étonnement parce que, avec la force qui lui vient de Dieu, elle annonce un message nouveau — la Résurrection du Christ — avec un langage nouveau — le langage universel de l’amour. Les disciples sont revêtus de la puissance qui vient d’en haut et parlent avec courage — quelques minutes auparavant, ils étaient tous peureux, mais à présent ils parlent avec courage et franchise, avec la liberté de l’Esprit Saint.
C’est ainsi que l’Église est appelée à être toujours : capable de surprendre en annonçant à tous que Jésus le Christ a vaincu la mort, que les bras de Dieu sont toujours ouverts, que sa patience est toujours là qui nous attend pour nous guérir et nous pardonner. C’est précisément pour cette mission que Jésus ressuscité a donné son Esprit à l’Église.
Attention : si l’Église est vivante, elle doit toujours surprendre. C’est le propre de l’Église vivante de surprendre. Une Église qui n’a pas la capacité de surprendre est une Église faible, malade, mourante qui doit être hospitalisée au plus vite au service de réanimation !
Certains, à Jérusalem, auraient préféré que les disciples de Jésus, paralysés par la peur, demeurent enfermés chez eux pour ne pas susciter le désordre. Aujourd’hui aussi, beaucoup de personnes voudraient la même chose des chrétiens. Mais le Seigneur ressuscité les pousse dans le monde : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». L’Église de Pentecôte est une Église qui ne se résigne pas à être inoffensive, trop « édulcorée ». Non, elle ne se résigne pas à cela ! Elle ne veut pas être un élément décoratif. C’est une Église qui n’hésite pas à sortir, à aller à la rencontre des personnes, pour annoncer le message qui lui a été confié, même si ce message dérange ou inquiète les consciences, même si ce message apporte, peut-être, des problèmes et même, parfois, nous conduit au martyre.
Elle naît une et universelle, avec une identité précise, mais ouverte, une Église qui embrasse le monde, mais ne l’emprisonne pas ; elle le laisse libre, mais elle l’embrasse comme la colonnade de cette Place : deux bras qui s’ouvrent pour accueillir, mais qui ne se referment pas pour retenir. Nous chrétiens, sommes libres et l’Église nous veut libres !
Regina cæli, 8 juin 2014, fête de la Pentecôte