1er semestre 2014

Le diable existe. Nous soyons pas naïfs !

Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.

 

 

Nous sommes tous tentés ; la loi de la vie spirituelle, de notre vie chrétienne, est la lutte, car le prince de ce monde ne veut pas de notre sainteté, ni que nous suivions le Christ. Vous allez peut-être me dire : ‘Mais, Père, vous êtes vraiment d’un autre âge ! Parler du diable au 21ème siècle !’ Eh bien oui, le diable existe ! Même au 21ème siècle ! Ne soyons pas naïfs ! Nous devons apprendre de l’Évangile comment lutter contre lui.

Comment le diable s’y prend-il pour nous éloigner du chemin avec sa tentation ?

La tentation commence d’abord légèrement, puis elle grandit, elle grandit. Ensuite, elle se transmet à quelqu’un d’autre, elle cherche à être communautaire. Et finalement, pour tranquilliser l’âme, elle se justifie.

La tentation de Jésus, au désert, semble presque une séduction. La diable commence doucement : « Mais pourquoi ne le fais-tu pas ? Jette-toi du temple et en un seul jour, tous te diront “Voilà le Messie” ! ». C’est ce qu’il a fait avec Adam et Ève : « Goûtez ce fruit, il est bon, il donne la sagesse ! ». C’est sa tactique : il parle comme s’il était un maître spirituel, comme s’il était un conseiller.

Et si la tentation est repoussée, elle revient, plus forte. Jésus l’explique dans l’évangile : lorsque le démon est repoussé, il tourne autour de nous, il va chercher des camarades et revient avec eux. La tentation revient mais en impliquant d’autres personnes. Ce qui semblait un petit filet d’eau tranquille se transforme en marée, en un fleuve qui t’emporte.

La troisième caractéristique consiste à finalement se justifier. Lorsque Jésus retourne à Nazareth et se rend à la Synagogue, tous sont frappés par ses paroles, mais la tentation arrive immédiatement : « N’est-il pas le fils de Joseph, l’artisan, et de Marie ? Avec quelle autorité parle-t-il, lui qui n’est jamais allé à l’université et n’a jamais étudié ? ». Ils cherchent à justifier leur résolution de le tuer et de le jeter du haut du Temple. Les interlocuteurs de Jésus discutent avec lui, tout en ayant des pierres dans les mains parce que la tentation est devenue communautaire. Tous se justifient. Et le point culminant de la justification est celle du prêtre : « Finissons-en, vous n’avez rien compris ! Ne savez-vous pas qu’il vaut mieux qu’un seul meure pour le peuple ? Il doit mourir pour sauver le peuple ». C’est la justification totale.

Nous aussi, nous empruntons cette route lorsque nous sommes tentés. Il suffit de penser aux commérages : nous éprouvons un peu de jalousie à l’égard de telle ou telle personne, au début nous la gardons pour nous, mais à la fin on la partage en en parlant autour de nous ; el le ragot se répand chez une autre personne et puis une autre encore. C’est le mécanisme des commérages et nous sommes tous tentés par les commérages ! Moi aussi je suis tenté par les commérages ! C’est une tentation quotidienne, qui commence en douceur, comme un filet d’eau.

Soyons attentifs parce que si nous n’arrêtons pas à temps ce filet d’eau, il grandira et se répandra, et ce sera une marée telle qu’elle nous poussera à nous justifier du mal, comme ces personnes qui se sont justifiées en affirmant : « il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple ».

À Sainte Marthe, le 11 avril 2014