1er semestre 2015

S�il te plaît� Merci� Pardon !

Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.

 

 

'S'il te plaît', 'merci' et 'pardon'. Ces mots ouvrent la voie pour bien vivre en famille, pour vivre en paix. Ce sont des mots simples, mais pas si simples à mettre en pratique ! Ils contiennent une grande force : la force de garder la maison, même à travers milles difficultés et épreuves ; en revanche, quand ils manquent, cela ouvre des fissures qui peuvent aller jusqu'à la faire s'écrouler.
Le diable qui tente Jésus fait étalage de bonnes manières et il cite les Saintes Écritures ; on dirait un théologien. Son style est apparemment correct, mais son intention est de faire dévier de la vérité de l'amour de Dieu. Nous, en revanche, nous comprenons la bonne éducation dans son sens authentique, lorsque le style des bonnes relations est fermement enraciné dans l'amour du bien et dans le respect de l'autre. La famille vit de cette finesse de l'amour.

'S'il te plaît'. Quand nous nous préoccupons de demander gentiment même ce à quoi nous pensons peut-être pouvoir prétendre, nous mettons une véritable protection pour l'esprit de vie commune matrimoniale et familiale.
Entrer dans la vie de l'autre, même lorsqu'il fait partie de notre vie, demande la délicatesse d'une attitude non invasive, qui renouvelle la confiance et le respect. En somme, la confiance n'autorise pas à tout considérer comme acquis. Et plus l'amour est intime et profond, plus il exige le respect de la liberté et la capacité d'attendre que l'autre ouvre la porte de son cœur.
'Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi' (Ap, 3,20). Le Seigneur aussi demande la permission d'entrer ! Ne l'oublions pas. Avant de faire quelque chose en famille : 'S'il te plaît, est-ce que je peux le faire ? Tu aimes que je fasse cela ?' Un langage vraiment bien élevé mais plein d'amour. Et cela fait beaucoup de bien aux familles.

Le second mot est 'merci'. On en vient parfois à penser que nous sommes en train de devenir une civilisation des mauvaises manières et des mots désagréables, comme si c'était un signe d'émancipation.
La gentillesse et la capacité de remercier sont vues comme une marque de faiblesse, cela suscite même de la méfiance. Il faut lutter contre cette tendance au sein même de la famille. Nous devons devenir intransigeants sur l'éducation à la gratitude, à la reconnaissance : la dignité de la personne et la justice sociale passent toute les deux par là. Si la vie familiale néglige ce style, la vie sociale aussi le perdra. La gratitude, pour un croyant, est aussi au cœur même de la foi : un chrétien qui ne sait pas remercier est quelqu'un qui a oublié la langue de Dieu. C'est vraiment triste ! Souvenons-nous de la question de Jésus, lorsqu'il a guéri dix lépreux et qu'un seul d'entre eux est revenu le remercier (cf. Lc 17,18). Cette noblesse de l'âme, cette grâce de Dieu dans l'âme nous pousse à dire merci, à la gratitude. C'est la fleur d'une âme noble.

Le troisième mot est 'pardon'. Une parole difficile, c'est vrai, et pourtant tellement nécessaire. Quand elle manque, les petites fissures s'élargissent –même sans le vouloir– jusqu'à devenir de profonds fossés. Ce n'est pas pour rien que, dans la prière enseignée par Jésus, le 'Notre Père', qui résume toutes les questions essentielles pour notre vie, nous trouvons cette expression : 'Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs' (Mt 6,12). Reconnaître que l'on a commis une faute, et être désireux de restituer ce qui a été pris – respect, sincérité, amour – rend digne du pardon. Et c'est comme cela que l'infection s'arrête. Si nous ne sommes pas capables de nous excuser, cela veut dire que nous ne sommes pas non plus capables de pardonner.

Audience publique du 13 mai 2015