Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
« Au dire des foules, qui suis-je ? » demande Jésus à ses disciples. Et il laisse les gens dire, sans dévoiler sa véritable identité. Au désert, déjà, le diable avait essayé de faire en sorte que Jésus dévoile son identité en lui disant : “ Si tu es le juste, si tu es le Fils de Dieu, fais ceci ! Montre-moi qui tu es ! ” Et après certaines guérisons les démons criaient la même chose : “ Tu es le juste, tu es le Fils de Dieu ! ”, mais Jésus les faisaient taire.
Le diable est intelligent, il en sait plus en théologie que tous les théologiens réunis, et il voulait donc que Jésus confesse : “ Je suis le Messie, je suis venu vous sauver ”. Mais cette confession aurait créé une grande confusion dans le peuple, qui aurait pensé : cet homme vient nous sauver, levons une armée et chassons les romains ; il nous rendra la liberté et le bonheur ! Et c’est justement pour que les foules ne se trompent pas que Jésus ne révélait pas sa véritable identité.
À ses disciples, alors qu’il priait à l’écart, Jésus posa la même question, et Pierre répondit, au nom de tous : “ tu es le Christ, le Messie de Dieu ”. Mais là aussi Jésus leur défendit fermement de le dire à personne, et il commence alors à faire une catéchèse sur sa véritable identité : “ Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. ”. Voilà, leur explique Jésus le chemin de votre libération, la route du Messie, du juste : la passion, la croix. Pierre va le refuser, mais Jésus leur confie à nouveau : “ Oui, je suis le Fils de Dieu : je dois prendre ce chemin de souffrance ”.
Ce n’est que le dimanche des Rameaux que Jésus permet à la foule de dévoiler plus ou moins son identité. Il le fait seulement parce que c’est le début de la fin du chemin, pour préparer le cœur des disciples et des foules à ce mystère : l’amour de Dieu est si grand, la laideur du péché est telle, qu’il nous sauve ainsi : avec l’identité de la croix.
On ne peut pas comprendre le Christ rédempteur sans la croix. Le cœur des disciples et le cœur des gens n’étaient pas préparés pour le comprendre ; ils n’avaient pas compris les prophéties, ni qu’il était l’agneau pour le sacrifice. La pédagogie de Jésus envers nous est la même ; elle est progressive, il nous prépare à l’accompagner avec nos croix sur son chemin, qui mène à la rédemption. Il nous prépare à être des cyrénéens pour l’aider à porter sa croix. Sans cela, notre vie chrétienne n’est pas chrétienne, elle ne serait qu’une bonne vie spirituelle.
À Sainte Marthe, le 25 septembre 2014