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Le vrai bien doit être accompli sans qu'on le sache, quotidiennement, confidentiellement.
Le Baptiste nous a accompagné tout au long de l’Avent, avec le prophète Isaïe. Nous voici rendus à la veille de Noël ; demain soir en effet, ce sera déjà la grande, la douce Nuit…
La naissance du précurseur trouve sa place en cette fin d’Avent. Certes, il est né 6 mois avant Jésus, et nous le célébrons le 24 juin ; mais tout dans sa naissance aujourd’hui annonce la naissance prochaine du Sauveur. Saint Luc le souligne en construisant les deux récits de manière très semblable : l’Annonce à Zacharie ressemble à celle à Marie, même ange, même crainte, même œuvre impossible aux hommes mais rien n’est impossible à Dieu ! La nouvelle de la naissance de Jean remplit de joie et d’espérance le voisinage d’Elisabeth et Zacharie, comme celle de la naissance de Jésus remplit de joie les bergers ; et les voisins comme les bergers se font les propagateurs de la bonne nouvelle. Même circoncision avec imposition du nom le 8ème jour. Oui, Jean est le plus grand des prophètes et plus qu’un prophète.
Le nom Jean signifie Yahvé est favorable. Remarquons la manière de s’exprimer de Zacharie : Jean est son nom. Il ne dit pas : « nous avons choisi le prénom Jean ». C’est que ce nom a déjà été donné par l’ange, choisi par le Seigneur : « Tu l’appelleras Jean ». C’est donc un nom prédestiné, le nom de sa vocation. L’enseignement du baptiste, dans toute son intransigeance, doit être entend à cette lumière chargée d’espérance : Dieu est favorable.
Dans ce contexte, le mot crainte pourrait surprendre. Mais il ne s’agit pas d’une crainte servile. Il s’agit de ce saint effroi religieux, si souvent évoqué par Luc : 1, 29-30 ; 2,9-10 ; 4,36 ; 5,8-10 ; 7,16 ; 8,25,33-37,56 ; 9,33-43 ; 24,37 ; Ac 2,43 ; 3,10 ; 5,5,11 ; 10, 4 ; 19,17 ! Il convient donc d’en dire un mot.
Dans la Préface de la messe, nous voyons qu’anges et archanges, trônes, dominations et puissances tremblent devant Dieu. Pourtant, ils sont dans la gloire, dans la béatitude... Une gracieuse analogie peut aider à approcher ce mystère : des lionceaux découvrent leur papa, dont la grandeur, la majesté et le mystère sont encore réhaussés par la crinière. Les petits s’aventurent à l’approcher, puis à le toucher, enfin à l’escalader… en le griffant. Alors, le roi lion rugit et s’ébroue dans sa force ! Crainte des petits. Mais ils découvrent vite que ce père et ce roi se laisse approcher en définitive, que sa force n’est pas destructrice mais protectrice, non pas violence mais amour. Telle est la sainte crainte de Dieu.
À Noël, le Dieu tout-puissant qui tient le monde en sa main se fera connaître comme un petit enfant dans une mangeoire. Il viendra non pour juger mais pour sauver, non pour violer notre liberté mais pour l’attirer.
Puissions-nous donc éviter le double écueil soit d’une crainte servile qui nous éloignerait de Dieu soit d’une familiarité excessive qui nous ferait oublier la majesté de Dieu cachée sous les traits de l’enfant de la crèche. Demandons au Saint-Esprit cette grâce de l’authentique crainte de Dieu, frémissement de l’enfant devant son papa si fort et si aimant. Demandons au Saint-Esprit de faire jaillir de nos âmes ce cri : Abba, Père !