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Il faut 2 ans pour apprendre à parler, et 50 pour apprendre à se taire
Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Le royaume de Dieu serait-il une affaire d’enfantillages ? Quand on pense aux choses enfantines, avouons que c’est rarement avec beaucoup de sérieux. D’un point de vue d’adulte, les préocupations des enfants nous semblent dérisoires, futiles. Peut-être même les regardons-nous avec un brin de nostalgie, à la manière d’un paradis définitivement perdu, avant de revenir aussitôt aux problèmes concrets, réels, qui nous assaillent. Au fond, c’est un peu l’attitude des disciples qui écartent les enfants : « Pas de temps à perdre avec eux ; nous sommes là pour accomplir de grandes choses, pour mettre en œuvre un projet utile et important ! »
Le Seigneur nous indique pourtant que celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. Quelle est cette manière dont il est ici question ? Nous pourrions bien sûr penser à la confiance d’un enfant à l’égard de ses parents. Posons-nous toutefois la question : quelle est l’activité favorite des enfants ? Les enfants, force est de le reconnaître, aiment par-dessus tout jouer.
Dans sa forme la plus pure, le jeu est foncièrement inutile et tant mieux : c’est sans nul doute la garantie de son éminente gratuité. Bien souvent, il nous plonge dans un imaginaire, se plaît à nous faire voyager : ce qui nous dépasse devient comme à portée de main. Le jeu toutefois se révèle également extrêmement sérieux : nous avons probablement tous le souvenir de nous être engagés dans un jeu comme si nous allions y laisser notre peau, comme si notre vie en dépendait.
Notre vie chrétienne ne serait-elle alors qu’un jeu inutile et insouciant, une fuite du monde réel et de ses problèmes ? Elle peut être comparée à un jeu en ce qu’elle est une question d’amour reçu gratuitement, sans mérite de notre part, et appelé à donner gratuitement. Elle est aussi liée au jeu par son sérieux : ce qui est en jeu, c’est bel et bien une question de vie ou de mort dont le poids est éternel. La vie chrétienne transcende cependant le jeu habituel des enfants car le royaume vers lequel elle se déploie n’est pas un imaginaire quelconque : ce qui nous dépassera toujours, la vie même de Dieu, est mis à notre portée et dans le Fils unique de Dieu, par le triomphe de la Croix et la victoire de la Résurrection, nous devenons à notre tour des enfants de Dieu.
Le royaume de Dieu est au milieu de nous (cf. Lc 17, 21) : en ce jour, demandons à Dieu notre Père la grâce de jouer comme des enfants, dans la gratuité et le sérieux de l’amour, avec cette confiance que le Seigneur nous accompagne toujours, veille sur nous et nous relève pour nous faire entrer dans la victoire qui est la sienne.